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Citation de michelekastner


En septembre de l'année 1963, le malheur allait creuser des entailles profondes dans la vie de milliers d'hommes et de femmes. Des silhouettes furtives rasaient les murs dans la nuit de Port-au-Prince pour éviter les phares des DKW. Avec leurs casques, leurs fusils, les ombres bleues des miliciens avançaient dans les DKW, fouillant les entrailles de la ville. Ils défilaient dans les ténèbres, formant la horde de la haine, pourchassant les ombres fiévreuses, tremblantes, qui se glissaient entre les arbres, se précipitaient dans des corridors obscurs, tentant de se confondre avec les portes, les palissades, les fenêtres. C'étaient la cadence de leur propre coeur et le souffle de leur propre voix qui maintenaient encore debout ces frêles silhouettes et les faisaient avancer, aveugles, affolées. Et tous ces chuchotements, ces souffles, ces cris, ces crissements de pneus éveillaient les esprits cruels de la nuit. Alors, les ombres tremblantes guettaient les pas sur l'asphalte, le sang figé d'effroi dans leurs veines, jusqu'à ce qu'ils fussent fusillés par les phares des DKW, comme un prélude à leur deuxième mort, la vraie. Jusqu'à ce qu'un cri, longue lame aiguisée, ne tailladât la nuit.
En septembre 1963, l'homme à chapeau noir et lunettes épaisses recouvrit la ville d'un grand voile noir, Port-au-Prince aveugle, affaissée, à genoux, ne vit même pas son malheur et baissa la nuque qu milieu des hurlements de chiens fous. La mort saigna aux portes et le crépitement de la mitraille fit de grands yeux dans les murs. Jamais ces événements ne firent la une des journaux.
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