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Critiques de Yannick Lemel (1)
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Les classes sociales

On n'entend plus guère parler des classes sociales en France. Même si de temps en temps, par exemple au moment de la révolte des gilets jaunes, on essaie d'expliquer les causes du mécontentement par la sensation d'appartenir à des catégories défavorisées.



Ce petit livre facile à lire commence par expliciter les différentes manières de classer les membres d'une société. On constate que dans tous les pays étudiés, les systèmes de classification utilisés sont très influencés par l'économie. En synthèse, on peut dire qu'il y a deux manières de voir, toutes deux fortement déterminées par le travail.



On peut en effet concevoir la société comme une pyramide, les plus riches en haut, les pauvres en bas: c'est par exemple le cas de nos célèbres CSP, les catégories socio-professionelles. Ou bien, on peut regrouper les individus en fonction des rapports de dépendance: d'un côté les patrons, propriétaires des moyens de production, et qui commandent; de l'autre, les salariés, plus ou moins autonomes selon leur degré d'expertise.



On le voit, les conséquences sont importantes. Dans le deuxième cas, les classes s'opposent: les salariés veulent être mieux payés, les patrons ne sont pas d'accord. Bien que chacun des deux groupes ait besoin de l'autre, la situation est conflictuelle. Dans le premier cas, au contraire, les classes ne s'opposent pas, et les individus cherchent avant tout à s'élever dans la pyramide. Ce sont donc deux visions des sociétés.



Bien sûr, cette description est simple, et on peut la complexifier. On peut notamment penser comme Max Weber qu'à côté de la stratification par la richesse, il existe des groupes d'intérêt commun, rassemblant riches et pauvres. Les exemples cités dans le livre sont un peu anciens, mais de nos jours il me semble que les gilets jaunes, ou les chasseurs, en seraient des illustrations pertinentes.



On peut penser aussi qu'il est dans l'intérêt de la classe dominante, de véhiculer un discours selon lequel l'analyse des sociétés par classes n'est plus pertinente. C'est un discours que l'on entend assez fréquemment. Et cela se comprend: la lutte des classes est un concept hérité de Marx, et l'analyse marxiste n'est guère prisée de nos jours. Et comme le livre ne manque pas de le souligner, une des inégalités majeures qui demeure chez nous est l'étanchéité des classes: les fils d'ouvriers ont toutes les chances de rester au bas de l'échelle alors que les enfants des classes supérieures hériteront des positions de leurs parents. Là encore, il est évident que la classe dominante souhaite conserver sa position... Or, cette classe domine aussi culturellement: elle impose ses idées et les sujets de débats. Ce qui explique le discours dominant, selon lequel les classes sociales n'existeraient plus. Il faut croire que ce discours a bien fonctionné, puisque au tournant du millénaire, plus de 90% des français déclaraient faire partie de la classe moyenne...



Certains auteurs ont proposé des systèmes de classement différents. Pour certains, les femmes constituent une classe à part, car elle continuent d'être exploitées par les hommes. On pourrait également regrouper les individus selon leur groupe ethnique, surtout dans les pays où de fortes minorités existent: on sait par exemple qu'aux États-Unis l'appartenance à la communauté hispanique peut expliquer le vote. La place des retraités pose également problème: faut-il les classer à part, ou bien selon leur richesse, ou encore, selon leur ancienne catégorie socioprofessionnelle?



En conclusion, Yannick Lemel nous montre que la classification dès sociétés, même si elle est imparfaite, reste un outil fondamental pour l'analyse des inégalités. Par ailleurs, une utilisation moins connue est celle qu'en font les publicitaires. Leur intérêt est évident: déterminer quelles sont les meilleures cibles pour leurs produits, ainsi que les meilleurs moyens pour les atteindre. On ne vend pas du whisky comme du pastis!
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