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Critiques de Yoann Gentric (6)
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La fin d'Alice



Sujet dérangeant s'il en est.

Amy Michael Homes s'est attaquée au tabou absolu : l'enfance, la sexualité et le crime. Trois mots qui résument l'acte pédophile dans lequel l'amour et la mort se lancent dans une danse endiablée où la vie n'a plus de place lorsque passion et folie se sont confondues dans le dernier pas et que la musique s'arrête sur une dernière note qui vrille le coeur du couple "infernal".

Elle l'a fait avec d'abord une plume exceptionnelle. Sa langue est belle et ce don syntaxique lui permet de surmonter les interdits, transcender la lecture de l'abject, non pas pour le dédouaner mais pour que le lecteur accepte de le lire au-delà de ses a priori, de ses tabous, de ses principes, de ses valeurs... au-delà de ce qu'il attribue, souvent à tort, comme limites, comme frontières au roman, et à sa perception d'un monde aux horizons toujours plus élargies au fur et à mesure que nous consentons à en explorer ses recoins les plus sombres.

J'ai mentionné les formidables qualités d'écriture de l'auteur... je dois y ajouter l'originalité d'une structure narrative qui chevauche habilement le temps et l'espace.

Ce bouquin est transgressif, hypnotique, esthétique et émétique... c'est un grand bouquin ( "enseigné à l'université dans les formations de thérapeutes soignant les pédophiles")... qui donne à penser autant qu'à juger, mais l'un ne va pas sans l'autre.

Pour certains ce livre sera insoutenable, insupportable... pour d'autres, il sera à la fois une leçon de stylistique et une leçon de vie.
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La fin d'Alice

Critique de HERVÉ AUBRON pour le Magazine Littéraire



Les noms des deux protagonistes principaux de La Fin d'Alice ne nous sont pas connus - on devra se contenter, pour le narrateur, de Loustick, un surnom hérité de l'enfance. On pourrait être tenté de faire de ce livre une subliminale suite de Lolita. Imaginons que Humbert Humbert, le narrateur du roman de Nabokov, n'est pas mort peu de temps avant son procès - comme il était annoncé dans le préambule de Lolita -, qu'il vit toujours quelque part en prison, où il se fait régulièrement violer par son voisin de cellule. Il se remémore sa liaison avec sa Lolita passée (la sienne s'appelait Alice), mais n'en élude pas cette fois-ci, derrière le rideau des métaphores, la réalité charnelle. Il relate aussi - révélation - comment il s'est fait abuser par sa mère démente. Il rapporte enfin, sur un mode indirect libre, les lettres d'une admiratrice inconnue : attirée par un garçon de 12 ans, une étudiante lui raconte par écrit ses manoeuvres d'approche et bientôt la consommation de ses pulsions. Le destinataire cramoisi est touché par cette jeune oie prédatrice, il en est un temps presque amoureux.

L'Américaine A. M. Homes, auteur de La Fin d'Alice, ne manque pas de courage. Il aura fallu attendre dix-sept ans pour que son troisième roman (elle en a écrit quatre autres depuis) paraisse en France. Il aurait pourtant dû être traduit dans la foulée, mais l'éditrice de l'époque a flanché lorsque l'affaire Marc Dutroux a éclaté, craignant que le livre soit réduit à une complaisante esthétisation de la pédophilie, alors érigée comme l'exclusive forme de la monstruosité. On a depuis expérimenté bien d'autres nuances de ténèbres. À l'heure où tout semble avoir été étiqueté et décrit, y compris la sexualité la plus franche, la pédophilie demeure l'un des derniers confins de l'indicible ou de l'irreprésentable. Ce qu'on appellerait un tabou si même ce terme n'avait été galvaudé. C'est à l'évidence l'un des ressorts d'A. M. Homes : est-il tenable, à la lisière du XXIe siècle, que la littérature passe globalement sous silence une telle réalité ? Est-il possible de se mettre dans la peau d'un pédophile ?

L'enjeu n'est pas mince. Comment compatir avec une hyène tourmentée sans angéliquement l'absoudre ? Comment « comprendre » l'impardonnable ? Eh bien, A. M. Homes y parvient, alors même qu'elle ne nous épargne rien sur ce que peut un corps (écueil que Nabokov contournait, faisant de cette occultation virtuose le gage de son génie). Elle y parvient en gardant à l'oeil les innombrables récifs de la passe où elle s'est engagée. Et d'abord la provocation irraisonnée, le gore ricanant : il n'y en a pas une once, même durant les scènes les plus insoutenables. C'est que le Loustick narrateur est aussi dégueulasse qu'émotif, aussi pervers que terrifié par ses propres actes. Il s'adresse parfois au lecteur et le met en garde : « Jouir et se sentir dégoûté, totalement horrifié, n'est en rien un motif d'inquiétude - moi ça m'arrive tout le temps. [...] si j'ai touché une corde plus profonde et réveillé le violeur vicieux qui sommeillait en vous, qu'il est pris de tics et de démangeaisons, je vous conseillerais d'éviter autant que possible les situations de stress. [...] Je vous suggère de désamorcer ces pulsions imprudentes en discutant le plus possible avec votre épouse, et en laissant, peut-être, quand vous dormez, la lumière allumée. » Oui, le livre peut aussi être drôle - un comble.

Autre écueil conjuré, à l'inverse : celui de la pure dextérité, du narcissisme créateur se gargarisant de sa capacité à transmuer n'importe quelle boue en or - et n'est-ce pas ce que l'on peut parfois reprocher à Lolita ? Chez A. M. Homes, si impressionnante soit l'écriture, certaines choses ne passent pas, ne pourront jamais passer, et c'est comme si une artiste consentait à érafler son si fin tissage contre des silex désespérément coupants. Tout au plus pourrait-on parfois lui reprocher un usage trop athlétique du montage alterné ainsi qu'une légère surcharge pondérale dans les mânes littéraires invoqués : il n'était pas nécessaire d'ajouter à l'évident sequel de Lolita la référence à Alice au pays des merveilles - quand bien même Nabokov a traduit Lewis Carroll et a explicitement déclaré que le clergyman anglais avait été l'un des modèles de Humbert.

La grande question de La Fin d'Alice n'est pas seulement celle de la pédophilie, c'est celle de l'abus. Nous devons tout au long nous fier au récit du Loustick, avec le risque de nous laisser confondre. Jusqu'à quel point fantasme-t-il les péripéties scabreuses qu'est censée lui rapporter sa correspondante ? Affabule-t-il les exactions dont il a été victime ? Ou l'ascendant que prend sur lui l'entreprenante Alice ? Il y a là une théorie sous-jacente de la littérature : bravant l'indicible, une écriture peut abuser d'un lecteur, celui-ci étant aussi capable d'abuser d'un texte en y projetant ses propres lubies. Existe-t-il un roman absolument éclairé, fondé sur un parfait consentement mutuel entre le narrateur et le lecteur ? Rien n'est moins sûr, la littérature tenant peut-être à ce terrible couple pathologique où aimer revient à dévorer.

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La fin d'Alice

Il est très difficile de mettre une note à ce roman. L'écriture, la construction, le scénario, sont parfaitement maîtrisés et remarquables.

Mais le reste...je n'ai jamais éprouvé un tel dégoût en lisant un roman. Si je n'avais pas dû le terminer pour pouvoir le chroniquer, je l'aurai abandonné bien vite.

J'ai été écoeurée, littéralement, par toute cette violence poussée à l'extrême, détaillée sans aucune concession ni oubli. C'est répugnant, ignoble de cruauté.

Je me suis sans arrêt demandé comment un auteur pouvait en arriver à écrire ce genre de choses.

Une lecture inoubliable, mais pas dans le bon sens du terme...

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La fin d'Alice

Loin d'être une lecture de plage, La Fin d'Alice nous place dans la position inconfortable du voyeur, complice des crimes commis par le narrateur (Humbert Humbert moderne) et sa correspondante. Profondément dérangeant et pervers jusqu'à la nausée, ce roman n'est pas à placer entre toutes les mains et marque négativement celui qui fait l'effort de le lire jusqu'au bout. On lui préférera largement dans le traitement de la pédophilie le classique Lolita de Nabokov mais surtout (imho) Tigre, Tigre de Margaux Fragoso.



La critique complète sur mon blog !
Lien : http://the-last-exit-to-nowh..
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La fin d'Alice

Ce ne sont pas des heures agréables que j'ai passe a lire ce livre et je suis vraiment contente de pouvoir passer a autre chose. Oui c'est violent, oui cela met mal a l'aise, oui c'est pornographique et provocateur. Si je n'ai rien a priori contre ce cocktail détonant, j'ai tout contre la manière dont Homes mix les ingrédients,

C'est gratuit, mal écrit, alambique et maladroit. Le mélange des époques, des personnages, des récits aurait pu être malin et subtil mais la c'est seulement confus et ennuyeux.

S'adresser au lecteur pour le provoquer et le mettre en face de ses perversités aurait pu être intelligent si le livre l'avait été mais la cela tombe a l'eau comme un souffle complétement raté.
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La fin d'Alice

La Fin d’Alice, roman de 1996 qui paraît seulement aujourd’hui en français, est la parfaite illustration de ce que peut être un roman inconfortable.
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