Au cours de ma troisième année d’études, une bourse pour Vienne fut proposée et je fus, par bonheur, l’unique candidate. À cause des informations télévisées, toujours éprises de sensationnel, les Japonais avaient une image déformée de l’Europe. Soit c’étaient des bombes qui explosaient au beau milieu d’un concert, soit des néonazis qui attaquaient des étudiantes étrangères marchant en pleine rue avec leur étui à violon. Moi, je n’avais pas peur, je ne croyais pas les médias, surtout lorsqu’ils nous donnaient le sentiment que c’était chez nous que nous étions le plus en sécurité. En Europe aussi, les gens pensaient probablement qu’ils étaient le plus en sécurité chez eux. Mes sources d’information à moi étaient les partitions musicales et les romans de Stefan Zweig.