Le terme de juif "religieux" est erroné. Un juif pieux devrait être qualifié de "juif observant la Loi". Pour qu'une étude soit véritablement intégrée chez celui qui la mène, il faut qu'elle puisse être vécue de l'intérieur. Pour être observée, la Loi doit être connue. A l'inverse, la Loi ne peut être connue que si elle est observée. Il ne s'agit pas d'une connaissance universitaire, mais de l'absorption d'un mode de raisonnement applicable à tous les instants de l'existence.
Le Talmud (Kidouchin 40b) illustre cette idée par un célèbre débat entre les Sages : "R. Tarfon et les Anciens étaient déjà) installés à l'étage de la maison de Nitzé à Lod, quand cette question leur fut posée : l'étude est-elle plus importante, ou l'action ? R. Tarfon répondit : l'action est plus importante. R. Aquiba répondit : l'étude est plus importante. Les autres répondirent : l'étude est plus importante, car l'étude amène à l'action."
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Une grande ouverture d'esprit s'explique davantage par un souci de l'autre que par un souci de Dieu. Ce que désire l'homme a priorité sur les règles permettant d'accomplir le service divin. Mais le souci de l'autre cache bien souvent le souci de soi-même. On ne comprend pas que les rabbins refusent de convertir une personne ne désirant pas mener une vie conforme à la Halakha, car c'est son propre mode de vie qui est remis en question. "S'il n'arrive pas à devenir juif alors qu'il a le même niveau de pratique que moi, c'est que ma propre judéité est attaquée!" pense - consciemment ou non - le juif culturel. Lorsque tel est le cas, le mobile n'apparaît plus aussi noble.
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