Youssef M.D

Dans ce roman, au détour d’une page, nous trouverons

une cité de banlieue prête à exploser. Comme toutes les

cités exploseront un jour – bientôt. Nous trouverons

également de la haine, du désespoir et les personnages

suivants :

—Le Prophète, de son vrai nom Jawad, arabe et

basané. Le pauvre !

—Salim, dit Citrouille fêlée, receleur, avec rien

dans la tête.

—Des keufs qui resteront anonymes.

—Un couple de retraités.

—Des pédés qui vendent de la drogue.

—Des parenthèses qui contiennent une vie.

—Marie, la douce Marie. Ma virgule.

—Nous trouverons également du matériel, beaucoup

de matériel volé.

—Et puis moi ! Vingt-six ans et belle gueule. Je

veux dire que je ne fais pas arabe. Et cela me protège

des nombreux contrôles d’identité.

Toute ressemblance avec des personnages

existant ou ayant existé ne serait pas

que pure coïncidence.

Mais alors, pas du tout !

Je rêve d’une autre vie

4

Je ne peux donner que les initiales de mon nom, et

je le regrette. Appelez-moi Youcef ! (c’est mon vrai prénom).

Chacun comprendra que je ne tienne pas à me

faire identifier par les keufs, la police pardon! Comme

remparts donc, rien de mieux que les murs de l’anonymat

pour dévoiler la vérité en restant protégé. Parmi

d’autres larcins, je tiens à dire que ce livre ne sera pas

le dernier que je commettrai. Inch’Allah !

Merci cher lecteur. Toi, qui, en achetant mon livre,

me permettras de vivre sans voler. Peut-être qu’écrire,

finalement, n’est qu’une façon plus décente d’implorer

une aumône ? Je suis le seul auteur, je dis bien

auteur et non pas écrivain, qui fait la manche avec sa

plume. Je le revendique. Je ne suis pas un écrivain,

j’écris tout simplement. Et mes écrits sont beaucoup

plus proches du « je » que d’une littérature du « moi,

moi, moi ». Un « je » qui pourrait peut-être dire :

j’existe.

Bien sûr, j’aurais pu me placer à un feu rouge. Et,

toute la journée, tenir dans mes mains une pancarte

en carton. Sur laquelle, j’aurais écrit ceci :

Je sors de prison.

Je ne sais pas où dormir. Je n’ai pas de travail.

Donnez-moi une pièce. Pour manger.

SVP