Si le Son était un parfum, celui qu’on entendait alors aurait été la rose, épines et pétales plongées dans l’encens sans distinction, grisant et tuant d’un seul mouvement. Bruit de ciel séraphique et sombre, poison et antidote, mélodie plongeant les Tch’eo à l’intérieur d’eux-mêmes en les attirant vers les abysses d’un autre monde, vers un enclos de notes...
Les quatre années qui s’écoulèrent ensuite, Niüt les passa à intégrer l’étrange certitude qu’une renaissance aussi miraculeuse que la sienne n’était pas un vaccin suffisant contre la mort. On le lui avait ressassé sur un ton de sentence. Sa pâleur quasi morbide, marquante, si peu commune ! et cette sueur bleutée qui veinait parfois sa peau... Il n’y avait qu’une interprétation possible. Les compagnons du Carillonneur lâchèrent l’information comme des médecins aux prises avec le diable, partagés entre hébétude et dégoût.
— Voilà bien une créature maudite ! Tu nous as ramené une Enfant des Sables !
Et comme pour tout Enfant des Sables, chaque jour allait être un sursis.