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Citation de LeCombatOculaire


De toute évidence, l'idée nous fascine que les plantes sont conscientes, sensibles, au point de nous inciter à mettre en veilleuse une partie de nos connaissances et de notre sens critique. On se pose par contre trop peu la question de savoir si les invertébrés (insectes, mollusques...) sont sentients. Si l'on s'interroge bien plus à propos des plantes, c'est précisément sans doute parce qu'elles nous apparaissent d'emblée infiniment plus étrangères encore, et que c'est cette étrangeté qui nous préoccupe, qui nous dérange.

Car je crois que derrière cette volonté si répandue de croire que les plantes ressentent, se cache le désir d'un monde où tout est inter-relié par la sensibilité, où tout a une conscience, où tout tient potentiellement un discours, a une signification, témoigne d'une volonté : un monde d'où le silence est banni. (...)

Nombreux sont ceux, par exemple, qui imaginent que les pierres ou les objets aussi sont sensibles à la souffrance des autres ou à leurs émotions : selon des schémas très humains, évidemment ! Volonté d'un monde où nos états d'âmes, nos émotions et nos actions prennent une importance d'avoir des répercussions sur la totalité de la réalité extérieure, d'être enregistrés par la réalité. (...)

Cette intelligence ou vie subjective des plantes ou des pierres (ou des montagnes ou de la Terre...) n'est en fait conçue que dans un rapport utilitaire : les êtres et les choses sont nos mémoires éternelles, nos témoins, qui en nous regardant vivre nous renvoient à notre vie et à son sens. Leur attribuer une conscience permet d'éloigner de nous l'idée d'une Nature qui nous serait totalement étrangère, l'idée de vies par exemple qui ne porteraient pas d'intérêt à quoi que ce soit, qui vivraient sans but. On leur accorde une conscience pour briser le silence, pour y substituer un murmure imaginable, amical. Pour l'immense majorité de nos contemporains, une telle « croyance » ne change strictement rien à ses habitudes : plantes ou pierres seront arrachées ou concassées sans plus de scrupules, et on continuera même à parler de plus belle d'une nature harmonieuse et bonne. C'est que plantes ou pierres, comme « la Nature » elle-même, ne sont alors appréhendées que comme des récepteurs, conçues à notre seul usage, comme pôle relatif entièrement subordonné au seul pôle que les humains veulent voir finalement comme réellement existant ou important : l'Humanité, et à travers elle, soi-même.
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