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Citation de Partemps


Une des formes de ce souci de la gnose ayant
été dans mon cas – et demeurant – le désir de
prendre conscience du péril qu’elle est pour la
poésie en l’observant non seulement dans le
jour après jour de l’écriture mais partout dans
l’histoire de la pensée, dont de remarquables
événements – par exemple les débats des
gnostiques avec les néo-platoniciens ou beaucoup des premiers chrétiens – peuvent aider à
comprendre ce qui en motive les spéculations
et les conduites. D’où mon intérêt – hélas,
pas assez approfondi, resté l’activité d’un
philologue et d’un historien on ne peut plus
amateur – pour les études savantes qui portent
sur les diverses époques et aussi les dehors
souvent surprenants du gnosticisme. Celui-ci,
en effet, peut se vêtir de façon multiple, tout
particulièrement dans l’espace littéraire, où il
est donc important d’apprendre à le déceler.
Mais davantage de précisions maintenant.
Et d’abord, qu’est-ce que la pensée que l’on
devra dire gnostique ? C’est toute façon de
percevoir le monde où l’on vit comme insuffi -
sant ou même mauvais, et cela en se souvenant
d’une autre réalité, elle bonne, satisfaisante,
qui aurait pu exister ou pourra le faire, mais
alors au-delà des temps présents ou plutôt
même par transgression et dissipation du
temps lui-même, lequel ne serait qu’un des
aspects les plus sombres de l’humaine déréliction. Il y aurait eu dans l’espace
métaphysique une sorte de chute, comprise souvent
comme un accident, par exemple l’intervention, dans les plans du ciel pour le monde,
d’un démiurge pervers ou maladroit : un drame dont l’existence du temps ne serait que la
conséquence. Cette chute, cette perte d’un
bien auquel il estime avoir droit, c’est ce que
ressent le gnostique dans l’ordinaire des jours,
c’est une ténèbre qui vicie toutes ses heures,
même celles qui pourraient être de quelque
joie. Mais c’est aussi ce qu’il vérifie dans ces
instants où de façon soudaine tout ce à quoi
on tenait s’effondre, laissant l’esprit dans la
nuit, agrippé au rebord d’un gouffre.
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