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Citation de Partemps


Hollan est arrivé à Paris en 1956, à vingt-trois ans, et c’est à Paris qu’il put rencontrer
enfin dans sa vraie ampleur la peinture de notre époque: mais il ne dévia pas de son intuition. Qui aima-t-il, en effet, sinon tout de suite, du moins assez vite, je l’imagine ? Bram van
Velde, ce dont il ne faut pas s’étonner. Bien que Bram ne paraisse connaître que la couleur, sur un fond neutre qui semble signifier un projet de peinture abstraite, en fait il est hanté
par la lumière du monde, ses couleurs ne l’ont détaché des choses que pour qu’il en pénètre
le mystère, on peut se sentir devant ses gouaches à l’extrême limite d’un regard quittant le
visible pour du ciel. Et Franz Kline, dont Hollan reconnaissait ainsi la grandeur – inégalée
dans son époque aux Etats-Unis, sauf par Hopper – et au plan même où elle se marque: non
dans la production de signes, malgré la violence du trait, mais par la clarté d’au-delà, qui en
foudroie l’enchevêtrement, qui dit que l’absolu ne se laisse prendre par aucun signe. Franz
Kline, Rothko aussi. Et Morandi, bien sûr, qui a fasciné tant des meilleurs dans la peinture
récente, mais dont le débat avec soi-même, si dur, si désespéré, ne ressemble pas, on le verra,
à la pacification, à la délivrance que Hollan demande à la peinture. Morandi fut pour Hollan
comme pour Palézieux un interlocuteur, un ami, plus qu’un maître dans la recherche pourtant commune à eux trois de la vérité spirituelle.
Au passage j’aimerais demander à Hollan si Mondrian a été important pour lui, non le
Mondrian abstrait et théoricien des années 20, mais le grand peintre du Nuage rouge, puis des
dissociations – vers 1913 – de la figure des arbres. Celui qui va bientôt se vouer à une autre
mise en question du visible a-t-il été sensible à cet intense questionnement des rythmes des
troncs et des branches, dans une lumière qui reste de ce monde; ou a-t-il été rebuté par les
choix intelligibles, les aspirations platoniciennes qu’on sent se former, pour une musique de
l’intellect, dans ces arbres de Mondrian restés ou plutôt devenus forme pure ?
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