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Citation de EtienneBernardLivres


Yves Guyot
Lettre X - Contradiction - l’émigration spontanée

L’Etat fait de grands sacrifices pour encourager l’émigration ; mais en même temps, la loi militaire défend au français, sous peine d’être traité comme déserteur, de sortit de son pays avant l’âge de 40 ans. C’est un peu tard.
Il y a des gens à esprit mal fait, basques ou français du Midi, qui ne veulent point aller au Sénégal, ni à la Guyane, ni même en Algérie ; mais qui, sans subventions, sans encouragements d’aucune sorte de la part du gouvernement, vont à Buenos-Aires, s’y installent, y font souche, tout en gardant leur langue maternelle, et entretiennent avec la France un commerce dont nous verrons plus loin l’importance. Cette émigration spontanée a crée dans cette partie de l’Amérique du Sud, en dehors du climat torride, un noyau de 100.000 français ; ils ne demandent pas de conquête ; ils ne demandent pas d’intervention armée ; ils ne coûtent rien au budget de la métropole.
Si l’émigration est une bonne chose, ces gens nous semblent des colons modèles. Il n’y a qu’à les laisser faire.
On les laisse faire, seulement si un des ces hommes revient en France, un peu en retard pour son tirage au sort, il est mis en prison et jugé. J’ai vu le cas.
Il est vrai que ce cas ne s’est, parait-il, présenté qu’une fois : les français partis pour Buenos-Aires se soucient peu de traverser l’Océan pour venir échouer à la prison du Cherche-Midi.
Mais alors la plupart deviennent des déserteurs. S’ils remettent le pied sur le sol de leur pays, ils sont soumis aux terribles pénalités qui atteignent les réfractaires. La loi française les oblige donc à se tenir écartés et éloignés à tout jamais de la France. Elle coupe le lien qui les y rattachait.
Il en est de même pour les émigrants qui vont aux Etats-Unis.
Si le Parlement avait dépensé la moitié du temps qu’ont pris les discussions relatives à Madagascar seulement à résoudre cette difficulté, il eût fait plus pour « l’expansion de la race française », qu’en votant tous les crédits que lui coûte, depuis seulement un an, notre fameuse « politique coloniale ! »
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