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Citation de EtienneBernardLivres


XXXII -

De 1815 à 1870, les hommes de tous les partis, les orateurs du gouvernement et même de l’opposition paraphrasaient à La Tribune avec conviction la « Gesta Dei per Francos. » = La france était le peuple élu de Dieu ; De Dieu, elle tenait sa mission. Il eût fallu être bien difficile pour ne pas se contenter d’une explication aussi claire.
Mais depuis, Dieu a perdu son prestige. Ce petit mot n’est plus suffisant pour servir de bouche-trou au vide des affirmations.
Maintenant, on se borne à affirmer que la France remplit : « sa mission civilisatrice », en annonçant les Howas comme des lapins et en faisant servir de cibles les prisonniers Chinois.
Mais si Dieu n’est plus là pour vous donner votre « mission civilisatrice », de qui tenez-vous votre mandat ? Où est-il ?
Vous répondez que « cette mission incombe à tous les peuples d’une civilisation supérieure » et spécialement à la France qui a une civilisation supérieure à toutes les civilisations supérieures.
Mais quelle civilisation supérieure prétendez-vous importer ? Sous quelle forme se manifeste-t-elle auprès des autres peuples ?
Est-ce la douceur ou la férocité que vous allez leur enseigner ? Laquelle de ces deux qualités est l’apanage de la civilisation supérieure ? Si vous répondez que c’est la douceur, l’humanité, la solidarité humaine, tous vos actes démentent vos paroles. Si c’est la férocité, alors la plupart des peuples à l’égard desquels vous prétendez exercer votre mission civilisatrice, n’avaient pas besoin de vos leçons.
Est-ce le respect de la propriété ? Vous commencez par les dépouiller, vous ne savez que mettre à leur égard la fameuse définition du Proudhon : - la propriété, c’est le vol !
Est-ce la chasteté ? (…)
Est-ce la justice ? (…)

XXXIII - Un féodal -

- L’indigène est tenu à obéir à toutes les volontés du conquérant ; le conquérant n’est tenu à remplir aucun de ses engagements envers lui. Telle est la loi, fille légitime des arrangements qui, au moyen âge, réglaient en Europe les rapports du serf et du seigneur.
Vous croyez que le seigneur du XIIIème siècle a disparu, parce que vous ne voyez plus son donjon qu’en ruines, son heaume et son haubert que dans les musées ou chez les marchands de curiosité, ses armoiries que dans les livres illustrés.
Erreur ! Allez sur la place du Gouvernement à Alger.
Vous retrouverez sa survivance mentale chez ce Français, en veston, qui prend son absinthe, en lisant un journal et en fumant une cigarette.

Cependant, il est républicain, très républicain, plus avancé que vous, plus avancé que qui que ce soit. Il est partisan du suffrage universel, mais à la condition que lui et ses (...) concitoyens accaparent tous les votes et que les indigènes n’aient que le droit d’obéir, de payer et de taire. Il est partisan de la liberté : mais il faut une main de fer pour tenir les Arabes.
Il est partisan de l’égalité : mais à la condition que les indigènes paient seuls l’impôt, soient soumis à des lois exceptionnelles et qu’il puisse les exproprier pour ses convenances personnelles. Il est partisan de la fraternité : mais à l’égard des indigènes, il n’y a qu’une seule politique, c’est « la politique à coups de trique. »
Maintenant, ne lui faites pas l’injure de mettre en doute son républicanisme ; il se fâcherait et il aurait raison. Il est tout aussi républicain que vous, plus républicain que vous, mais il l’est autrement.
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