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Citation de EtienneBernardLivres


Lettre XVIII - La politique coloniale et les gouvernements de discussion

On se rappelle la dépêche supposée en 1870 ; l’invention du prétendu outrage commis par le roi de Prusse à l’égard de l’ambassadeur français ; et il n’y avait ni dépêche, ni outrage !
Lord Beaconsfield veut engager l’Angleterre dans la guerre de l’Afghanistan : il emploie le même procédé (…) Il entraîne la nation dans une expédition qui a coûté 500 M° à l’Angleterre, beaucoup de morts, qui a dû se terminer par une évacuation et qui lui vaut actuellement une guerre possible avec la Russie.
Sir Bartle Frère est envoyé dans le sud de l’Afrique ; il y porte deux passions : la propagation de l’Evangile et l’extension du territoire britannique. Il engage l’Angleterre dans la guerre des Zoulous et des Boërs et crée une question d’Afrique, malgré l’opinion publique.
Combien y a-t-il d’Anglais qui sachent aujourd’hui pourquoi leur armée se bat en Egypte ? (…)

Un Etat imprévoyant et qui n’a pas un crédit très solide, emprunte. Il trouve deux genres de souscripteurs : les naïfs qui n’examinent pas si le taux de l’intérêt compense le risque à courir ; les malins, qui tâchent ensuite d’écouler le plus de titres possible entre les mains de ces naïfs. Puis viennent les échéances. Le débiteur ne remplit pas ses engagements. Baisse, mécontentement.
(…)
Que fait donc le gouvernement ? Il ne protège pas ses nationaux ! Il abandonne leurs intérêts ! Il les livres à ces bandits !
(…)
L’opinion publique s’échauffe peu à peu en entendant répéter ces clameurs avec tant d’unanimité.
(…)
Et puis, de tous ces bouillonnements, de coups en dessous, de cette mise en scène, de cette fermentation, jaillit l’huissier à envoyer au débiteur insolvable.
Cet huissier a un pantalon ou une veste rouges, un képi, porte un fusil sur l’épaule pour instrumenter et son exploit s’appelle l’expédition de Tunis ou l’expédition d’Egypte.
Le contribuable en paye les frais avec le sang de son fils et l’argent de ses impôts : il eût mieux valu pour lui

« Où sont les électeurs et les élus qui ont la prétention d’avoir une idée nette sur les motifs réels des expéditions de Madagascar, du Sénégal et du Tonkin ?
Comment une chambre de députés peut-elle se prononcer en connaissance de cause, quand à tout instant le ministère répète :
« Si vous saviez ce que je sais, mais je ne pas vous le dire ! »
Le 10 décembre 1883, le ministre déclare à la tribune qu’on n’occupera que le Delta du Tonkin, puis nous en arrivions à l’occupation totale du Tonkin, puis à la guerre avec la Chine (…)
Puis les gens se tuent réciproquement sans savoir pourquoi, et les gens, qui les font tuer, n’en savent pas davantage.
(…)
On avait cru prendre des précautions pour empêcher le gouvernement de jamais engager le pays dans la guerre malgré lui, en inscrivant dans la Constitution l’article 9 : « on ne peut déclarer la guerre sans l’assentiment préalable des deux chambres. »
Depuis 1881, nous avons été engagés dans 3 guerres: l’expédition de Tunisie, l’expédition de Madagascar, l’expédition du Tonkin et de Chine ! Et les deux chambres n’ont été consultés que pour des demandes de crédits, destinés à ratifier le fait accompli »
Pour escamoter la constitution, le gouvernement se sert de mots, comme « état de représailles » et de « rétorsion »
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