La cuiller allait à la bouche et non la bouche à la cuiller, j’avais appris ça dans les films. Au cinéma, les femmes ne se comportent pas à table comme dans la vie quand une bouchée n’attend pas l’autre. Elles glissent une bouchée entre leurs lèvres mais on ne les voit pas mâcher, impossible de deviner le poids de la nourriture entre leurs joues, puis sans qu’on les ait vues déglutir, elles participent à la conversation, et avant une nouvelle fourchetée, elles triturent longuement les aliments de l’extrémité du couvert, piquant dedans, faisant le tri, considérant la nourriture d’un œil détaché, presque hostile.