Yves Thoraval

ENCENS, MARINS, ET FORTERESSES.

Ce livre retrace l’histoire d’un des deux pays historiques de la péninsule arabique : l’Oman, l’autre étant le Yémen. Sept auteurs familiers du pays ont contribué à la réalisation de cet opuscule de 100 pages édité par l’Harmattan.

L’Oman est en bordure d’un golf qui sépare idéologiquement et géographiquement les traditions arabes, persanes, sunnites et chiites. Il est historiquement tourné vers l’Extrême-Orient. C’est le pays des roi mages et de la route de l’encens qui a échappé à toute domination coloniale. L’empire Omanais régnait sur toute la côte Est Africaine depuis le Mozambique jusqu’à Mascate. Le commerce de l’encens était à l’époque l’un des plus fructueux car largement utilisé dans tous les pays pour les rites funéraires. Les tribus de l’Oman ont suivi la troisième grande voie de l’islam, la plus démocratique et tolérante, l’Ibadisme. On l’a appelée le sultanat du Juste Milieu. Le pays comporte quelques églises pour les immigrés chrétiens, les mosquées sont uniques pour les trois obédiences et les prêches des imams sont contrôlés par le ministère. Le pays a pu ainsi échapper aux grandes vagues de fonds idéologiques qui ont envahi la péninsule arabique : le panarabisme, le néo-marxisme et l’intégrisme islamiste. En 1996, le sultan a promulgué une constitution intitulée « loi fondamentale » qui précise que l’Islam est la religion d’État et la charia source de la législation. La monarchie (sultanat) demeure patriarcale mais une chambre de conseil ou parlement, élue, dans laquelle figurent des femmes, est associée au pouvoir à titre consultatif. Le sous-sol regorge de matières premières et notamment de gaz avec une gigantesque réserve surtout exportée vers le Japon et la Corée (Projet de gazoduc).

Le pays a su résister à la sirène des pétrodollars et a toujours su moduler son propre développement industriel et touristique. Le gouvernement a scolarisé jusqu’aux tribus de bédouins et a créé ses propres facultés de façon à former ses nationaux : ces derniers occupent la plupart des postes de fonctionnaires mais le pays a dû faire appel à une main-d’œuvre étrangère (50% de la population) pour le commerce et les services. Le problème actuel est que nombre de nouveaux diplômés sont au chômage dans la mesure où ils ne veulent pas remplacer les immigrés dans les postes privés ou subalternes. Le sultan Qabous, despote éclairé ayant fait ses études en Angleterre, qui a su déposer en douceur son propre père en 1970 pour contrecarrer l’invasion communiste sud-yéménite, est malheureusement décédé il y a deux ans. C’est maintenant à son cousin, successeur dans la dynastie des Ben-Saïd, Haïtham ben Tariq, de faire ses preuves.

Un Livre très éclairant pour ceux qui s’intéressent à ce pays arabe encore authentique et hospitalier, malheureusement méconnu de l’occident.

bon livre