En réalité, Gilles Simon était un homme de la Renaissance égaré dans le XXe siècle. Que cet industriel, cet homme d'affaires, eût été plus souvent séduit, dès sa jeunesse, par la magnificence d'un meuble que par sa destination, était peu ordinaire. Etait-ce seulement par un penchant naturel à goûter la grâce d'une ligne, l'habileté d'un ébéniste ou le génie d'un sculpteur ? Ou bien était-ce par réaction contre le côté capitonné, rembourré, feutré, élastique du cadre traditionnel de la bonne bourgeoisie où il avait élevé ? En somme, il n'avait cherché , dans les objets anciens, que le rayonnement de la matière travaillée par une main d'artiste, ennoblie par le souffle d'une grande époque. N'est-ce pas le signe du véritable collectionneur ? (p. 90)