Petite, au jeu de quelle-est-ta-couleur-préférée, elle répondait toujours vert. Aujourd’hui, Kenza déteste cette couleur, celle de son passeport, surtout dans les aéroports quand, au contrôle des frontières, il faut choisir sa file. À droite, les passeports français et européens. À gauche, le reste du monde. À droite, le rouge bordeaux. À gauche, le vert. À droite, la liberté d’aller presque où l’on veut. Elle en rêve. Pour cela, il faut être français et, dans cette vie, Paris serait enfin à elle. Les agents de la préfecture ne se permettraient plus de lui parler comme s’ils pouvaient la virer de la République d’un claquement de doigts.