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Citation de Charybde2


À ces moments-là, quand oncle Silé Nikoloski rencontrait nos regards, il sursautait, que je sois maudit. Il tournait sa tête à gauche et à droite et comme si de rien n’était disait avec le sourire aux lèvres :
— Des histoires, des histoires, mes enfants ! N’écoutez pas le fou que je suis, et c’est alors seulement qu’il se tournait vers son malade. Somnolent, étourdi et ému, il dit :
— Qu’a-t-il avalé, ce jeune homme ?
Mon Dieu, je tressaillis. S’il le prenait maintenant par sa trachée, mon pauvre Keïten, mon cher ami. Que je sois maudit, il avait des mains si fortes, cet oncle Silé Nikoloski. Il aurait suffi qu’il te touchât une ou deux fois à l’endroit malade pour que tu guérisses immédiatement. Il t’aurait ramolli les petits os comme s’ils avaient été enduits de la meilleure des pommades. Parfois, on utilisait oncle Silé Nikoloski à d’autres fins, mais ce n’était pas sa faute. Il avait une manière bien à lui de rendre différents services, comme on dit : il soignait, comme ça, à l’œil. Je me souviens encore de quelle manière on avait emmené quelques-uns des pensionnaires les plus âgés. Que je sois maudit, de quelle manière. On avait organisé une visite médicale, à l’œil, et oncle Silé Nikoloski s’arrêtant devant chacun de nous et nous dévisageant de la tête aux pieds choisissait les malheureux en leur disant :
— Mon petit homme, tu as l’air bien triste. Tes yeux sont cernés. À l’hôpital, pour qu’on voie de quoi il s’agit, c’est peut-être quelque chose de contagieux, dangereux. Il faut faire des examens, petit poussin.
La suite, nous la connaissions, malheur à celui qui partait à l’hôpital ! Il n’y avait plus de retour pour lui. Les pauvres, ils se débattaient jusqu’à leurs dernières forces, ils criaient :
— Ne nous laissez pas emmener, les frères ! Non !
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