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Citation de Tempsdelecture


Le corps de Stella est parcouru de fourmillements. Le souvenir picote. Elle n’a pas pensé à Joy depuis des lustres, mais déjà le sang pulse dans son ventre, comme si l’autre était restée tapie sous sa peau en attendant son heure. Toutes les années qui les séparent, c’est tellement plus que la durée de leur amitié, pourtant rien n’a jamais eu autant le goût de la vraie vie que cette époque-là. Comme si elle n’avait pas été complètement elle-même depuis. Comme si elle avait mené l’existence d’une autre. Mais sa vie à elle alors, ou s’est-elle perdue? est-ce un cul-de-sac à la fin des années quatre-vingt?

-Allez j’en ai marre! Jeanne, regarde-moi cette pièce, tu trouves qu’elle ressemble à quoi?

-A un caca!

– C’est drôle, ça. Suzanne, ramasse tes jouets, il y en a partout! J’ai la tête comme une pastèque, vous me cassez les oreilles! Fabien, tu peux venir, s’te plaît? Je craque!

– Promenons-nous dans les bois… entonnent Jeanne et Suzanne.

-J’arrive! hurle leur père avant de se ruer dans la pièce pour la plus grande joie des fillettes qui courent se cacher.

Stella, elle aussi, s’échappe.

Face au miroir de la salle de bains, elle se sermonne. Elle doit garder le cap. Elle était à l’abri, même si, quand elle y réfléchit, elle a toujours été en mouvement. Une part d’elle-même ne s’est jamais arrêtée de fuir. Peut-être n’y prêtait-elle plus attention. Il faudrait changer d’adresse e-mail, ou d’appartement même, de ville, aller plus loin, ailleurs, pour garder l’ennemie à distance, jusqu’à la fin.
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