Il ne voit jamais l'existence propre des êtres, mais pour les mûrir, il parle des êtres. Il ne voit ni être vivant ni individu, mais il parle d'être vivant et d'individu. Il ne voit pas l'existence propre des actes ni l'existence propre de la rétribution, mais il enseigne aux êtres l'acte et la rétribution. Il ne voit pas l'existence propre des passions du samsara, mais il enseigne à bien connaître les passions du samsara. Il ne voit pas le nirvana, mais il parle d'arriver au nirvana. Il ne voit pas que les dharma comportent des caractères distinctifs, mais il parle de dharma bons et mauvais.[ ... ]
Muni de la profonde et merveilleuse sagesse, il élimine toutes les pratiques des êtres ; pour mûrir les êtres, il semble exercer les pratiques, mais en vérité il n'a aucun dharma à pratiquer, et il a dépassé toutes les pratiques. Depuis longtemps, il a éliminé la " prise " relative au moi et au mien, mais il " prend " les choses dont il a besoin. Le bodhisattva étant muni de ce savoir et de cette sagesse, tous les actes qu'il accomplit sont conformes au savoir et à la sagesse et il n'est pas souillé par le fruit des actes."
La sortie du monde, ce n'est pas se raser les cheveux mais produire une grande énergie pour détruire les passions de tous les êtres [ ... ], ce n'est pas observer soi-même une conduite morale, mais éliminer la moralité pure du séjour bienheureux; ce n'est pas méditer dans la solitude de la jungle, mais demeurer dans le tourbillon du samsara et utiliser la sagesse [prajna] et les moyens salvifiques pour convertir les êtres et les amener à la délivrance [ ... ], ce n'est pas se complaire dans le nirvana, mais déployer son énergie pour que les êtres remplissent tous les dharma de Buddha.
Les Bodhisattva qui produisent ces samadhi s'amusent à en sortir (vyutthana) et à y rentrer (pravesa) ; cette maîtrise (vasita) sur les samadhi est nommée jeu (vikridana).