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4/5 (sur 2 notes)

Nationalité : France
Né(e) : 1938
Mort(e) le : 01/08/1997
Biographie :

Luc Willette (1938-1997), pseudonyme de Luc Bihl, avocat spécialiste du droit de la consommation, a publié des romans, essais et livres d’histoire.


Source : http://www.auberon.fr/f/index.php?sp=livAut&auteur_id=28
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Citations et extraits (10) Ajouter une citation
Le chancelier Séguier, envoyé spécial de Richelieu, prit la ville de Coutances le 4 mars de l'an 1640. Et la justice royale s'abattit sur la ville.

Plusieurs dizaines d'hommes furent pendus, un autre fut roué, dont on entendit les cris au-delà des remparts.

Le 20 mars, toutes les femmes et les enfants de la ville s'assemblèrent devant la cathédrale où monsieur le chancelier entendait la messe. A sa sortie, les pleurs et les cris jaillirent. Il dut faire intervenir ses sergents d'armes pour dégager le parvis et écrivit au cardinal de Richelieu : "J'ai été importuné par un grand amas de femmes qui criaient miséricorde."
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Première erreur de l'Assemblée : la loi du 31 mai 1850 sur le suffrage universel. Chaque élection complémentaire était une victoire pour la Montagne. Pour pouvoir lutter contre celle-ci et préparer l'échéance de 1852, le parti de l'ordre réclame à corps et à cris l'épuration de ce scandaleux suffrage universel. Louis-Napoléon en profite pour renvoyer Odilon Barrot et le remplacer par un homme à lui, Baroche, qui dépose aussitôt un projet de loi renforçant de belle manière les conditions exigées pour être électeur. L'Assemblée se déchaîne. Thiers vitupère « la vile multitude » et Montalembert, le bon apôtre, s'écrie : « Je dis et je répète qu'il faut recommencer l'expédition de Rome à l'intérieur».
Certains hommes ont de la suite dans les idées à défaut d'avoir beaucoup d'idées.
La loi est votée... Elle exige pour être électeur, trois années de résidence continue dans la même commune ; ce qui, compte tenu de la mobilité ouvrière, exclut la majorité de ceux-ci des listes électorales. Le nombre des électeurs inscrits tombe aussitôt de neuf millions six cent quatre-vingt mille à six millions huit cent mille. Près de trente pour cent des électeurs supprimés d'un seul coup.

719 - [p. 88]
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Le manichéisme est le péché capital que l’on ne pardonne pas à l’historien. De la nuance avant toute chose. Rien, ni personne n’est jamais tout blanc ou tout noir. Pourtant, au milieu du XIXe siècle, qu’on le veuille ou non, la France est manichéenne, et l’histoire de ces trois années qui vont de la chute de Louis-Philippe à l’avènement de Napoléon III, est celle de l’affrontement entre cette moitié de la France qui crève de faim, et cette autre moitié qui crève de peur. Il n’est pas possible de comprendre comment Louis-Napoléon Bonaparte, qui parle si mal le français, sans argent, sans journaux, sans parti, ridiculisé par ses tentatives aventureuses de Strasbourg et de Boulogne, a pu, en quelques mois, réaliser le hold-up du siècle, en s’emparant de la République pour en faire un Empire, si l’on ne veut pas voir ce qui, pour tous les Français en 1850 est le seul vrai problème : l’affrontement entre les rouges et le parti de l’ordre.

705 - [p. 27]
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Il suffisait d'un orage, de gelées tardives ou au contraire d'un soleil par trop torride, et c'étaient des milliers d'hommes et de femmes qui mouraient. Une bande de brigands, un receveur des tailles trop gourmand, et un village était ruiné. Alors, on faisait un baluchon de quelques hardes et l'on allait à la ville grossir les rangs des miséreux des faubourgs.
Pour quelques sols par jour on déchargeait des bateaux, on portait l'eau dans des belles maisons, on charriait des pierres pour construire des hôtels et des palais. A côté de cette foule grouillante, puante, affamée, des fortunes s’édifiaient. Jamais le commerce n'avait été si florissant. Les routes étaient meilleures, les foires mieux achalandées. Le royaume de France était le plus riche et le plus puissant d'Europe.
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Arnaud Leroy est né en 1798. Il s'est donné lui-même le titre de comte et s'est rebaptisé « Leroy de Saint-Arnaud » […]
… il n'est toujours que lieutenant d'infanterie en 1837, alors qu'il va avoir quarante ans. Mais la chance tourne enfin et le lieutenant de Saint-Arnaud est renvoyé en Algérie. Là, il va pouvoir donner toute sa mesure. Mieux que tout autre, il comprend quelle est la mission civilisatrice de l'armée française. Laissons-le décrire lui-même sa tactique : « Je pille, je brûle, je dévaste, je coupe les arbres, je détruis les récoltes. Le pays, entouré d'un horizon de flammes et de fumée me rappelle un petit Palatinat. »
Vantardise ? que non ! A sa femme il décrit tendrement ses actes : « De ma tente, je vois brûler les villages arabes J'espère que la leçon sera bonne et leur profitera ». Et encore : « La cavalerie a rapporté trente têtes... Nous avons brûlé plus de quarante villages ». « On a tué plus de cent kabyles, le camp est plein d'armes et d'oreilles. »

723 - [p. 102-103]
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Ces quatre jours de batailles furent atroces de part et d'autre. Le général Bréa, prisonnier insurgés, est assassiné. Mgr Affre, archevêque de Paris, qui tentait de s'interposer, est abattu dans le dos par la garde nationale catholique. Les excès sont bien évidemment tous imputés aux ouvriers, et pourtant, E. Renan témoigne dans une lettre à sa sœur : « J'ai vu de près les insurgés ; nous avons été un jour et une nuit entre leurs mains, et je puis dire qu'ils surpassaient en modération ceux qui les combattaient. Les excès furent presque uniquement l'œuvre des défenseurs de l'ordre. »
Qu'importe les détails ! le 26 juin, les troupes de Cavaignac enlèvent la dernière barricade. La canaille, comme dit Hugo, est vaincue : " La « société » a perdu sept cent trois hommes, et du côté des ouvriers, les chiffres officiels avoisinent les trois milles trente-cinq cadavres, sans compter tous ceux que l'on a jeté à la Seine. Mais en quelques jours, la rente passe de soixante-huit francs à soixante-dix-neuf francs. Reste à assurer la répression de façon à être tranquille pour un certain nombre d'années. Le nombre des fusillés sans jugement dépasse les mille cinq cents. Celui des insurgés qui bénéficient des rigueurs du tribunal s'élève, lui, à onze mille cinquante-sept. L'Algérie et Cayenne font le plein. Paris est occupé par quatre-vingt mille soldats. Les clubs socialistes sont tous fermés, et pour éviter que l'on épilogue trop sur cet épisode une loi vient museler la presse. Dans le dernier numéro de son journal, Lamenais écrit : « Il faut aujourd'hui de l'or, beaucoup d'or, pour jouir du droit de parler. Nous ne sommes pas assez riches. Silence au pauvre. »
Il n'aura fallu que quatre mois à Lamartine, Arago, Tocqueville, et autres Victor Hugo pour se débarrasser de la royauté et réduire au silence la classe ouvrière. Que vont-ils faire maintenant de leurs victoires ?

704 - [p. 23-24]
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… le parti de l'ordre a pour lui, les deux grands piliers de la société, l'Eglise et l'armée. L'Eglise ? Puisque la propriété est divine, Dieu et son église sont nécessairement du côté de la propriété. Comme le déclare Montalembert, le chef du parti catholique, à la Tribune de l'Assemblée constituante en septembre 1848 : « Quel est le problème aujourd'hui ? C'est d'inspirer le respect de la propriété à ceux qui ne sont pas propriétaires. Or, je ne connais qu'une solution pour leur inspirer ce respect, c'est de leur faire croire à Dieu, au Dieu du cathéchisme, au Dieu qui a dicté le Décalogue et qui punit éternellement les voleurs. »
Même les bourgeois voltairiens, les libres penseurs, les franc-maçons, les athées, s'ils ne croient pas en Dieu, croient en l'Eglise rempart de la propriété. Ainsi, Thiers, athée s'il en est : « Thiers dit hautement que le clergé est le dernier rempart de la Société, rapporte Veuillot, qu'il faut lui livrer le peuple, et que le curé de campagne nous préserve de l'apostolat communiste. »

717 - [p. 49-50]
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Rares sont, en 1850, les ouvriers politiquement engagés. Seule une minorité de typographes, ou des chefs de métiers à tisser comme Turquin, commence à penser à ces problèmes. L'immense majorité ne constitue qu'une masse qui crève de faim et d'épuisement, capable tout au plus de coups de désespoir, comme en juin 1848. C'est peut-être là la plus grande différence avec la Commune, vingt ans plus tard : en 1871, les ouvriers parisiens se battent par espoir de changer leur condition ; en 1848, ils se battaient seulement par désespoir, pour ne pas mourir de faim.

709 - [p. 35]
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Mais il est une chose qui unit toutes les fractions du parti de l'ordre, c'est la peur. La peur de perdre leurs biens, la peur des rouges. Comme l'avait écrit Chateaubriand dès 1833, le problème des ouvriers paraît insoluble : « Pour dernière ressource, il vous faudra tous les tuer. »

713 - [p. 42]
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C'est que Morny a lui aussi peur des rouges. Nous l'avons vu écrire à son père qu'il préférerait la France envahie par les cosaques plutôt qu'un succès électoral des rouges. Depuis, il a rencontré son demi-frère devenu président de la République et il a réfléchi : peut-être que l'on peut faire l'économie d'une invasion cosaque et écraser les rouges soi-même. Avec un coup d'état ? D'ailleurs Morny ne peut plus se permettre de perdre du temps. Il est aux abois. La veille du coup d'Etat son hôtel particulier à Paris était saisi et la vente aux enchères affichée. C'est dit, Morny fera le coup d'Etat.

726 - [p. 105]
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