AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

3.4/5 (sur 10 notes)

Nationalité : Allemagne
Né(e) à : Ardahan,, Turquie , le 23/10/1953
Biographie :

Taner Akcam est un historien et sociologue allemand. Il est l'un des premiers universitaires turcs à reconnaître le génocide arménien, dont il est devenu un spécialiste.

Il a fait des études d'économie à la Middle East Technical University in Ankara. Il a protesté publiquement contre l'invasion de Chypre par la Turquie, ce qui lui a valu des ennuis. Il a été condamné à de la prison pour avoir défendu la minorité kurde turque. Evadé de prison, il a obtenu l'asile politique de l'Allemagne en 1978. Il est docteur de l'Université de Hanovre avec une thèse sur le génocide arménien et le nationalisme turc.
Il a été enseignant à l'université du Minnesota et il enseigne l'histoire à l'Université Clark, dans le Massachusetts.

Source : http://en.wikipedia.org/
Ajouter des informations
Bibliographie de Taner Akçam   (3)Voir plus

étiquettes
Videos et interviews (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de

Taner Akçam - The Young Turks' Crime against Humanity


Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Quant à l'attitude de la population musulmane, l'image que nous en avons est ambiguë. Des témoignages montrent que dans certaines régions, les musulmans prirent part au génocide alors que dans d'autres, ils s'y opposèrent énergiquement. Une grande partie de la population musulmane masculine servait dans l'armée et les hommes furent certainement nombreux à éprouver le sentiment de vide que décrivait l'officier Çerkez Hasan : « Quand je suis rentré de la guerre, j'ai découvert que l'atelier d'Avadis Aga le forgeron, la maison de Nikogos le cuisinier et celle de bien d'autres voisins avaient été pillés. Ils avaient été envoyés en Arabie et ailleurs. »
Dans certaines régions, les musulmans protégèrent les Arméniens, les cachèrent et cherchèrent à empêcher les déportations. Dans d'autres, ils entreprirent de piller les maisons des Arméniens avant même le départ de leurs occupants, n'hésitant pas à attaquer les convois et à massacrer les déportés. Scheubner-Richter, qui suivait de près les événements, suggère que si la stratégie d'extermination convenait aux unionistes, jamais le peuple turc n'approuverait que la question arménienne fut résolue de la sorte. Le consul en poste à Trébizonde, Heinrich Bergfeld, affirmait lui aussi que cette campagne ne jouissait pas du soutien de la population. « Il faut rendre justice au peuple turc. La majorité des Turcs estime qu'il n'est pas juste de déporter les femmes et les enfants. » Dans son rapport du 5 août, Scheubner-Richter se faisait l'écho de ce point de vue. « Une grande partie du peuple turc, écrit-il, ceux qui sont doués de bon sens et de raison … ne soutiennent pas cette politique de destruction. » Il rapporte que de nombreuses personnalités locales condamnaient les crimes et prenaient leurs distances, les dénonçant comme l'émanation de la politique unioniste. « Malgré les commandements du Coran, disait un homme, on tue des milliers de femmes et d'enfants innocents. Ce ne sont pas des gens en état de fureur qui agissent ainsi, mais le gouvernement, le comité. »
Commenter  J’apprécie          20
Il n'est pas facile de concilier l'inviolabilité de la souveraineté nationale et la nécessité internationale de châtier les auteurs de crimes contre l'humanité. On n'a toujours pas défini le point d'équilibre entre ces deux principes. Et cette impasse a joué un rôle capital dans l'abandon des poursuites contre les individus coupables du génocide arménien. Le jeune gouvernement turc d'Anatolie ne cessa de mettre des bâtons dans les roues des puissances de l'Entente désireuses de sanctionner les suspects en se retranchant derrière le principe de souveraineté nationale. Une nation ne peut être châtiée par une violation de sa souveraineté, affirmait-on. Toute tentative en ce sens était considérée comme une agression.
La volonté des Alliés de morceler l'Anatolie et celle de punir les coupables au nom de l'humanité étaient si étroitement imbriquées qu'aux yeux du Mouvement national turc, châtier les coupables revenait à porter un coup à l'indépendance nationale. Aucun des acteurs de l'époque ne réussit à établir une juste distinction entre les deux. D'où la faveur de l'hypothèse affirmant que « les accusations de massacres arméniens n'étaient que camouflage, des crimes et des criminels inventés de toutes pièces par les Britanniques pour réaliser leurs aspirations colonialistes et asservir la nation turque ».
Les violations de la souveraineté nationale répondent obligatoirement à l'un de ces deux objectifs : des desseins universalistes comme la défense des droits de l'homme, ou des intérêts impérialistes. S'agissant de la Turquie d'après-guerre, il est difficile d'affirmer que la volonté britannique de violer la souveraineté ottomane relevait exclusivement de principes universalistes et non d’intérêts coloniaux. Lorsque les deux coïncidaient, les grandes puissances n'avaient aucun mal à les appliquer. Mais dès qu'il y avait conflit d’intérêts, les principes universalistes étaient promptement abandonnés. D'où le relâchement des efforts internationaux dans ce contexte.
Commenter  J’apprécie          20
A la suite d'une politique de déni, qui ne date pas d'aujourd'hui, le terme même de « génocide » a été contesté – sacré pour les Arméniens, tabou pour les Turcs. Les deux camps attachent une importance extrême à la question de la pertinence de ce mot. Je l'ai employé conformément à la définition que les Nations Unies en ont donné en 1948. Dans cette acceptation, le génocide recouvre des actes commis dans l'intention de détruire tout ou partie d'un groupe ethnique, national, racial ou religieux, en temps de paix ou de guerre. La définition précise différentes méthodes employées à cette fin, qui comprennent le meurtre de membres du groupe concerné, des atteintes graves à leur intégrité physique ou mentale, la soumission intentionnelle du groupe à des conditions d'existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle, les mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe et le transfert forcé d'enfants d'une communauté à une autre. En partant de cette définition et à la lumière de tous les témoignages dont nous disposons, force nous est de qualifier de génocides les actes commis contre les Arméniens.
Mais après tout, sans doute s'agit-il moins d'une question de vocabulaire que d'une position morale : la reconnaissance et la condamnation du crime. Quelle que soit la définition que nous en donnons, quel que soit le terme que nous employons, il faut bien admettre que cette histoire est celle de la destruction délibérée d'un peuple. Çerkez Hasan était en 1915 un officier ottoman chargé « d'établir » les Arméniens dans une région qui recouvre les actuels déserts syriens et irakiens. Quand il comprit que le véritable objectif des déportations n'était pas le déplacement mais l'élimination, il démissionna. « On peut toujours discuter de la synonymie entre tuerie et déportation, déclara-t-il. Employez ces mots comme vous l'entendez ; cela ne change rien à la réalité de ce qui s'est passé … Il n'existe qu'une façon atroce de comprendre ce qui est arrivé, et dont le monde entier a conscience. » L’échec de l'approche officielle de l’État turc s'inscrit dans son entêtement à présenter ce crime incommensurable comme une nécessité d’État justifiable, évitant ainsi au pays de prendre moralement position à ce sujet.
Commenter  J’apprécie          10
Le modèle économique national de Gökalp subit également l'influence du nationalisme allemand comparant l’État à un organisme vivant qui, par définition, devait constituer un système global. La nation devait être considérée comme un « tout social », ce qui passait obligatoirement par « l'unité culturelle », « l'unité économique » et « l'unité politique ». L'établissement de l'unité économique allait de pair avec celui de la conscience nationale. La théorie d'une économie nationale mettait l'accent sur la formations de « corporations turco-musulmanes » et soulignait la nécessité de se concentrer sur la dimension ethnique. Une économie nationale pouvait se réaliser à travers l'uniformité ethnique : « L’État moderne est né de la division du travail qui s'est mise en place dans une unique communauté ethnique. »
Il est essentiel, pour comprendre le génocide arménien, de garder ce cadre théorique présent à l'esprit, car c'est lui qui a fourni les motifs idéologiques du massacre et, partant, leur légitimité. Gökalp conférait à « la nation » une puissante composante mystique. Dans son œuvre, "il reportait sur la nation les qualités divines qu'il avait trouvées dans la société, remplaçant la foi en Dieu par la foi en la nation : le nationalisme devient ainsi une religion."
Tout ce qui est national est déifié, élargissant l'idée de Durkheim voulant que « la société puisse faire ce qu'elle veut. » Si une nation se sent en danger, elle n'est donc pas moralement responsable de sa réaction face à ce danger.
Commenter  J’apprécie          10
Le général Vehip Pacha, commandant de la 3e armée à partir de février 1916, évoqua Abdülhalik dans sa déposition, affirmant qu'il avait notamment brûlé vifs es milliers de gens dans la province de Mouch - une allégation confirmée, entre autres, par des sources allemandes.
Abdülhalik faisait également partie de ceux que les Britanniques envoyèrent à Malte, et ils l'inclurent dans le petit groupe des principaux responsables des massacres. Finalement libéré avec le reste des exilés [lors d'un échange avec des prisonniers britanniques], le 31 octobre 1921, il devint ministre des Finances, de l'Education, puis de la Défense. Par la suite il fut président de l'Assemblée et finit même par accéder à la présidence de la République turque - pour un seul jour il est vrai - à la suite du décès de Mustapha Kemal.
Commenter  J’apprécie          10
Le motif officiel des déportations était que les Arméniens constituaient un danger pour l'armée en tant de guerre et qu'il fallait les éloigner des lieux de combats. Or les déportations touchèrent des Arméniens établis dans des zones très éloignées des lignes de front, et qui n'étaient absolument pas touchées par les hostilités. Chose significative, on les envoya en réalité dans des zones de guerre(...).
Commenter  J’apprécie          10
On vit alors s'affirmer la conviction qu'il était impossible de vivre aux côtés du reste de la population chrétienne de l'Empire ou, pire encore, que les chrétiens ottomans constituaient une menace pour la survie même de l'Empire. Les autorités dirigeantes turco-ottomanes élaborèrent ainsi une politique destinée à homogénéiser la population de l'Anatolie, cœur territorial de l'Empire. Cette politique présentait deux volets essentiels. Le premier consistait à disperser les populations musulmanes non turques, kurdes et arabes par exemple, et à les installer au milieu de la majorité turque pour faciliter leur assimilation. Le second prévoyait d'expulser d'Anatolie la population non musulmane et non turque, ce qui entraîna le déplacement de 2 millions d'individus au total, soit, grosso modo, toute la population chrétienne de la région. Alors que les Arméniens et les Assyriens faisaient l'objet de mesures spéciales destinées à les éliminer, les Grecs furent, eux aussi, expulsés.
Commenter  J’apprécie          00
L'accord conclu par les dhimmî et l'Etat islamique rend leurs vies et leurs biens inviolables et leur garantit la liberté de religion et de culte. En contrepartie, les dhimmî sont tenus de manifester soumission et loyauté à l'égard de l'ordre musulman et de payer un impôt, la jizya'.
Commenter  J’apprécie          10
(...) le seul droit des dhimmî est d'être protégés des violences et des déprédations. Il faut supporter les dhimmî. Leur présence n'est pas contestée pourvu qu'ils admettent l'autorité et la supériorité des musulmans et de l'ordre islamique.
Commenter  J’apprécie          10
L'Empire ottoman regroupait un certain nombre de religions et de groupes nationaux différents. Parallèlement à l'Islam, religion d'Etat, d'autres religions monothéistes, pratiquées par ceux qu'on appelait "les peuples du livre", jouissaient d'un certain nombre de droits. Ces communautés bénéficiaient depuis des siècles d'un degré d'autonomie religieuse. Ce principe d'organisation sociale constituait le fondement de l'Etat ottoman dont le fonctionnement, reposant sur le principe de l'hétérogénéité et de la différence plus que sur celui de l'homogénéité et de la similitude, était à l'inverse de celui des Etats-nations modernes.
Commenter  J’apprécie          00

Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Listes avec des livres de cet auteur
Lecteurs de Taner Akçam (16)Voir plus

Quiz Voir plus

Quiz des Zombis

Vers 1497, une gravure intitulée Incabus ou Femme attaquée par la Mort représente un cadavre animé barbu en décomposition , qui agresse une femme et tente de soulever sa robe. Qui en est l'auteur?

Leonard de Vinci
Albrecht Dürer
Brueghel l'ancien

8 questions
30 lecteurs ont répondu
Thèmes : zombies , morts vivants , vaudou , littérature , horreur , fantastique , cinema , adapté au cinéma , adaptation , musique , hollywoodCréer un quiz sur cet auteur
¤¤

{* *}