Les coûts salariaux sont bas pour les gens qui ne savent pas lire, mais les gens qui ne savent pas lire ne peuvent mener qu'un combat à mains nues contre les ennemis du coton : le climat, les insectes, les mauvaises herbes, etc. - tous ces ennemis contre lesquels Nelson Reinsch dispose d'une panoplie d'armes sophistiquées avec des modes d'emploi compliqués. Les critiques de la politique agricole américaine sont prompts à montrer du doigt les subventions versées à leur industrie du coton pour expliquer la domination des États-Unis, néanmoins la suppression de ces subventions n'aurait aucune incidence - en tout cas à court terme - sur le développement de l'alphabétisation, des droits de propriété, des infrastructures commerciales et des connaissances scientifiques nécessaires pour se battre contre Nelson Reinsch sur les marchés mondiaux. Les militants d'Oxtam feraient bien de s'attaquer aussi à ces problèmes.
Ma chemisette faisait partie des 25 millions de tee-shirts de coton venant de Chine et autorisés à entrer aux États-Unis selon le système de quotas d'importation de vêtements négocié en 1998. Son voyage, comme nous allons le voir, est une preuve de la puissance des forces économiques pour surmonter les obstacles commerciaux autant que réglementaires, et invite à nuancer une vision primaire du libéralisme. Pour arriver jusque dans le tiroir de ma commode, mon tee-shirt a dû combattre les lobbies de l'industrie américaine du textile et de la confection, les membres du Congrès des États du Sud, et un système de tarifs et de quotas tellement labyrinthique qu'il est difficile d'imaginer pourquoi quelqu'un pourrait prendre la peine de le comprendre.
Au terme de mes voyages, j'en suis venue à voir dans les questions de commerce international un problème moral encore plus impérieux que le problème économique. Après avoir été le témoin de deux guerres mondiales, l'ancien secrétaire d’État Cordell Hull écrivait dans ses mémoires qu'il était parvenu à la conclusion que le commerce était un instrument de paix...
Je fais des études en économie et j'ai été obligé de le lire pour un examen: excellente lecture, pas du tout ennuyeuse, très bien expliqué, cela m'a appris plein de chose sur les mécanismes du commerce globalisé et aussi sur l'industrie du coton en général. C'était vraiment très intéressant surtout lorsque l'auteur fait des rapprochement avec l'Histoire!
Le coton d'un homme de couleur valait moins que le coton d'un homme blanc, sauf s'il était présenté dans une main blanche.