Pour ce qui est du rêve, il apporte dans le sommeil toutes les misères de la vie éveillée et ne laisse de côté que ce qui pourrait réconcilier avec la vie les hommes cultivés : la joie de la science et de l’art.
Si la sympathie est l'instinct essentiel auquel sont dus les actes charitables, ceux qui dépassent dans leurs effets la sphère de l'égoïsme, l'instinct de la reconnaissance nous paraît, de son côté, servir à les multiplier. Sans doute la reconnaissance conduit parfois à faire tort à une autre personne ; mais c'est là un cas fort rare. L'instinct d'où elle dérive n'en a pas moins une utilité incontestable : il trouve toutefois son correctif, même son équivalent, dans les préceptes d'une morale parfaite. Si l'instinct qui porte à rendre le bien pour le bien multiplie les actes moralement beaux, l'instinct de la vengeance, qui n'en est que l'application aux injustices reçues, a donné naissance le premier au sentiment de la justice.
Le domaine de la conscience est comme un coteau planté de vignes, que la charrue a labouré dans toutes les directions : le public est déjà presque excédé de voir ce travail se continuer sans fin. On n'a pourtant pas encore trouvé le trésor que l'on cherche : bien que de riches récoltes, qu'on n'espérait pas, aient été tirées de ce sol tant travaillé. Il était naturel que la curiosité philosophique s'appliquât d'abord aux données immédiate de la conscience.
L'inconscient ne connait pas la maladie : l'activité de l'esprit conscient peu être troublée par la maladie, à la suite de désordres occasionnés dans les organes matériels de la pensée, soit par l'action de corps étrangers, soit par les secousses violentes que les vives émotions de la sensibilité impriment au cerveau.
L'inconscient ne connait pas la fatigue : l'activité de l'esprit conscient est toujours accompagnée par la fatigue. les organes qui lui servent deviennent à la longue incapable de fonctionner : c'est que la matière s'y dépense en moins de temps qu'il n'en faut à la nutrition pour la renouveler. Sans doute il suffit de faire succéder un sens à un autre, d'appliquer l'entendement ou le sens à des objets nouveaux, pour que l'esprit oublie sa fatigue.