Dans un pays comme le nôtre, les élections peuvent changer les équipes en place mais le vrai pouvoir reste aux mains de ceux qui possèdent et contrôlent la machine économique. Ce qui importe est donc de réunir les conditions de l’application d’un programme de changements radicaux. Cela nécessite des ruptures décisives avec les institutions de l’Etat et la structure de l’économie capitaliste. Donner le pouvoir à la population et aux travailleurs rend inéluctable l’affrontement avec la minorité des privilégiés. Un gouvernement au service du monde du travail ne pourra donc exister que sur la base de grandes mobilisations.
Au bout d’un demi-siècle de combats politiques, si je regarde quelques minutes dans le rétroviseur, plus que les échecs, les désillusions et les occasions manquées, c’est la nécessité de perspectives révolutionnaires, encore plus urgentes aujourd’hui qu’hier, qui me saute aux yeux. Certains y verront l’acte de foi d’un indécrottable “communiste révolutionnaire”, à jamais perdu dans ses rêves et ses utopies. Sans doute. Je ne suis ni cynique, ni aigri, ni blasé. L’accusation, fréquemment entendue, d’être un “rêveur” est, pour moi, un compliment.
Pourquoi ne pas réapprendre à rêver d’une société plus juste, où les critères ne seront plus les cotations en Bourse mais la satisfaction des besoins que la population aurait démocratiquement décidée ? Seuls les conservateurs ne rêvent pas. Nous, pour changer le monde, nous avons besoin du rêve pour lutter, ensemble. Tous ensemble.