Ce fut une heureuse surprise pour le téléspectateur que d'être le témoin d'une explosion de joie, de gaîté, de rire. Et du rire le plus communicatif qui soit, puisqu'il s'agissait de celui de Roger Pierre et de Jean-Marc Thibault.
Séduits par des personnalités aussi diverses que celles de Clodion le chevelu, de Clovis, de Clothilde, de Pépin le Bref, de Brunehaut et Frédégonde, de Charles Martel et autres Charlemagne, les deux amis avaient décidés d'écrire un feuilleton historique, dont ils seraient aussi, bien entendu, les principaux interprètes.
On parlera encore longtemps dans les chaumières de ces drames de palais qui, bien que souvent sanglants, furent toujours transformés par les soins des auteurs en d'hilarantes plaisanteries. Plus qu'un succès, "Les Maudits Rois Fainéants" firent un triomphe ; c'est que le public, bien plus avisé qu'on ne le pense parfois, avait su découvrir sur son petit écran de la vraie gaîté.
Il avait le sentiment d'être invité à passer une partie de sa soirée avec un groupe de copains de qualité, décidés à voir les choses du meilleur côté qui soit. Aussi, nous avons demandé à Roger Pierre et à Jean-Marc Thibault d'écrire et d'illustrer ce livre, afin de prolonger les rires du petit écran, et, surtout, de laisser un souvenir tangible d'un moment rare dans la vie parfois terne des téléspectateurs que nous sommes.
(préface des éditeurs insérée en début du volume paru aux éditions "Dargaud" en 1973)
Depuis vingt ans qu'il dirigeait sa bande, c'était la troisième fois seulement que le grand J tenait une assemblée générale. La première avait été consacrée à l'élaboration des statuts, la deuxième à l'augmentation du capital, la troisième était la plus importante de toutes. Il s'agissait du principe même sur lequel reposait la société, à savoir l'infaillibilité indiscutable du grand J.
- Messieurs, dit-il, si je vous ai réunis c'est pour des raisons précises. Notre société a jusqu'ici réalisé des bénéfices importants.
- Et ce n'est pas fini ! dit Pat, qui ne ratait pas une occasion de se mettre en valeur.
Le grand J le regardait sans affection.
- Ce n'est peut-être pas fini, dit-il, mais je crois que pour moi, il est temps de passer la main.
Les cris de protestation qui s'élevèrent étaient absolument spontanés. Le grand J en fut remué jusqu'au fond de l'âme mais il refusa de le laisser paraître...
(extrait du chapitre XIII)