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5/5 (sur 1 notes)

Nationalité : Irlande
Né(e) à : Brooklyn, New York , le 28/02/1929
Mort(e) à : Nice, France , le 10/12/2016
Biographie :

John Patrick Montague est un poète irlandais.

Il est né de parents catholiques irlandais qui avaient été impliqués dans la guerre nationale irlandaise après 1916 et avaient immigré aux États-Unis. À New York, la famille a lutté pendant la Grande Dépression. En 1933, sa mère décida de retourner vivre en Irlande, prenant avec elle ses trois fils. Mais si elle partit s'installer auprès des siens avec ses deux aînés, John Montague, âgé de 4 ans, fut seul placé dans la famille paternelle (À Garvaghey, Comté de Tyrone, où il est aujourd'hui inhumé).

Il a été élevé par deux tantes à la ferme familiale et a fait ses études au séminaire du Collège Saint Patrick à Armagh. Il a fréquenté l'University College Dublin (1946), où il a publié ses premiers poèmes. En 1953, Montague s'inscrit à l'Université de Yale avec une bourse Fulbright, étudie avec Robert Penn Warren, et étudie également à l'Iowa Writers 'Workshop (1954-1955) et à l'Université de Californie-Berkeley. En 1956, il épouse Madeleine de Brauer Mottuel. Ils divorcent en 1972.

En 1961, il s’installe à Paris, dans le quartier de Montparnasse avec sa première épouse. Il devient correspondant de l'Irish Times et se lie d'amitié avec le dramaturge Samuel Beckett. Il est finalement retourné en Irlande, s'installant à Cork avec sa seconde épouse, Evelyn Robson, en 1974. Ils se séparent en 1995.

En 1998, il est le premier à occuper la Chaire de Poésie d'Irlande (Ireland Chair of Poetry) nouvellement créée.

John Montague était un amoureux de la France. Il y a passé le quart de sa vie et a eu par deux fois des épouses françaises. Depuis 1998, il vivait à Nice, accompagné de sa troisième épouse, la romancière américaine Elizabeth Wassell.

Les poèmes de Montague trouvent souvent leur forme dans de longues séquences qui abordent les thèmes du voyage et de l'exil, de l'identité nationale et de la perte personnelle.

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Vidéo de
John Montague - La Langue greffée .
A l'occasion de la quinzième édition du festival littéraire franco-irlandais à Dublin, rencontre avec John Montague. http://www.mollat.com/livres/montague-john-langue-greffee-9782701111667.html Notes de musique : ® Roads that burned our boots. Free Music Archive.

Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
L'oiseau malade

je

À vélo le long de la route Clogher,
Maître MacGurren a trouvé un oiseau malade.
Il me l'a apporté, malade dans son lit,
et il gisait, dans une boîte à chaussures tapissée de chiffon,
à portée de ma main caressante.

Au bout de quelques jours, il a appris à répondre
au toucher d'un doigt chaud
sur sa tête fragile, aux plumes meurtries.
Ses griffes étaient croustillantes comme des brindilles d'hiver
et son petit cœur martelé:
minuscule, intense, terrible.

Un matin, j'étais mieux, ainsi
que mon petit compagnon, le
bec
affamé béant sur l'oreiller à côté de moi. Je l'ai mis en coupe dans mes paumes et, le
berçant contre la fenêtre,
je l'ai hissé et l'a aidé à s'envoler.

II

Trente ans plus tard, je trouve un oiseau
sur le bord de la route, à l'extérieur de Ballydehob:
une mésange charbonnière, c'est-à- dire dubh.
Je place son corps délicat à l'intérieur de
ma chemise, en rentrant chez moi à vélo,
pour le montrer à mes enfants.

Maintenant, il repose sur le poêle éteint
dans une boîte rembourrée, à côté de l'endroit où j'écris,
inspecté, de temps en temps, par des enfants sur la pointe des pieds.
Son cœur battait toujours furieusement;
quand s'envolera-t-il?
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Déités


De nos besoins
nous les créons:
le Christ maigre
que nous pressons,
empalons sur la
croix de bois
expertement. Vois-nous
planter les clous,
émerveillés par sa
face striée
de sang, approbatrice,
Et le doux
sourire de Gautama,
absolvant le mal,
l Une danse lente et autres poèmes 29
les désirs, frêles
terreurs de la chair.
Comme saint François
il abandonne
ses possessions
et part jusqu’à
ce qu’un calme luise
sur nos vies brisées,
nos volontés emmêlées, l’amer
champ de bataille de la société et
du soi.
Mais les vieux dieux
surgissaient de terre,
de l’air, du feu, de l’eau:
Hermès rayonnant glissant sur les traits de lumière ;
noires extensions
du sous-terrain empire des
racines et des roches:
Ô sombre Dis!
Ou d’un promontoire
la puissance de la mer —
un trident fendant
les vagues furieuses —
nous te louons, Poséidon!

Quand le grain caressé par le vent luxuriant
du plein été
murmure de chaleur:
Ô douce Céres!

Dieu ou déesse,
ils distribuaient
leurs faveurs dans
le feu des batailles
qu’ils attisaient —
leste Cuchulain,
Achille ténébreux
dans une confusion mentale
de lueur et d’obscur:
Balor ou Polyphème,
jusqu’à ce qu’Ulysse ou
Lugh entrouvre
la paupière funeste
s’évade avec
le pieu brûlant.
Abandons, sagesses;
laissé à lui-même,
dépourvu de principe,
l’homme fait encore face
aux vieilles puissances:

la violence fumant
de quelque cratère
connaît sa nuit,
mesure sa lumière,
gouverne son art.
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Enfin


Un petit homme triste avec un chapeau
est passé par la douane à Cobh
avec une valise à cordes et
quelque chose en moi a commencé à se contracter

mais aussi pour se développer. Nous nous sommes levés,
ses fils adultes, à la recherche de mots
qui, sous la brume trouble, se
transforment en gestes maladroits et rieurs.

À l'embouchure du port,
la forme trapue du paquebot
hululait ses adieux, les vagues
frappant le gris de Spike Island.

Nous avons traversé l'Irlande ce jour-là,
les vallées fluviales luxuriantes de Cork, le roux
de la plaine centrale, des paysages
exotiques pour nous, nordiques, en nous arrêtant.

seulement dans un endroit confortable au-delà d'Athlone
pour entendre une émission que j'avais faite.
Comme c'est étrange dans cette pièce exiguë
ma voix désincarnée, le silence

après, comme nous nous sommes regardés!
Lentement, nos yeux ont réussi la reconnaissance.
«Pas mal», dit-il en levant son verre:
Père et fils enfin à l'aise.
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Sources

Mourant, le saumon
soulève sa tête
dans l’eau du bief.
De grandes plaies cerclent
ses branchies, ses yeux,
une rouille brûlante
lentement corrode
la peau rouge-or.
Le grand roi de la rivière,
verse vers la Nore
sur les barrages moussant
sa lumière, sa musique,
sans fin dissolvant
les murs dans la moire de
courants qui dérivent
parmi les prairies lentes.
Mais tu abdiques,
tu cèdes,
nulle lutte hormis
le gond de tes mâchoires
(le croc ou kype)
haletant, claquant
un dernier souffle
de ce royaume souillé.
Prince de l’océan, de
quelles communes sources
nous te rendons hommage
nous l’avons oublié
mais je pleure ton passage

et voudrais effacer
de cette terre encombrée
notre infecte disgrâce :
Purger le poison
des ruisseaux,
purifier l’énorme
ventre de l’océan, rompre
ces invisibles miles
de mailles, que ta
tribu coure encore
par les eaux claires.
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Haut si bas

J’ouvre des yeux sous-marins
et le grand monde perdu
des courants primordiaux
un vivant taillis de corail
un furtif essaim de poissons
(ou la lune au tablier
de nues teintes bleu glace
la rouille brillante de Mars, Saturne,
aux cristallines séries de sphères)
Que c’est calme ici-bas
Où le fretin errant explore
les portes jumelles de mes paupières
lèvres silencieuses contre ma bouche
(Que c’est tranquille là-haut
où je danse calmement pour moi,
échasses sur une plaine, troublant
à peine la poussière sur les rayons de la lune)
J’avais oublié que nous vivons entre
des halètements, des esquisses de miracle ;
que nous voguions jadis par l’air comme les oiseaux,
marchions dans les eaux comme les poissons.
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Pour la Colline mère


Gond du silence
grince pour nous
Rose d’obscurité
éclos pour nous
Anémone des bois
ondoie pour nous
Bleu campanule
plie vers nous
Fougère humide
effuse pour nous
l Une danse lente et autres poèmes 19
Mousse souple
soutiens-nous
Branche de plaisir
repose sur nous
Feuilles de délice
murmurez pour nous
Bois odorant
souffle sur nous
Rosées du soir
perlez pour nous
Crue apaisante
afflue pour nous
Cascade secrète
déferle pour nous
Fissure cachée
parle-nous
Portail de délice
enflamme-nous
Colline maternelle
attends-nous
Portes de la naissance
Ouvrez pour nous
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Cesser

pour Samuel Beckett

Cesser
d'être humain.

Pour être
un rocher sur
lequel la pluie tombe,
une mâchoire de granit
se décolore lentement.

Ou une statue
arborant une barbe géante
de vert-de-gris ou de rouille
sur une
place de village oubliée .

Un arbre porté
par les vents dominants
à un schéma de
branches enchevêtrées:
noueux, seul.

Pour cesser
d'être humain
et laisser les oiseaux salir
votre crâne, les animaux se reposent
dans le creux de votre bras.

Devenir
un objet, honoré
ou non, selon l'occasion,
tandis que le temps vous
replie lentement sur le sol.
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Il y a des jours

Pour Lawrence Sullivan

Il y a des jours où
on devrait pouvoir
arracher sa tête
comme un casque usé ou
bosselé, directement de
la nuque et des clavicules
(ces branches crépitantes!)
et la placer fermement
dans le lit d’un ruisseau fluide.
Les clairs, purs, frais courants
coulant et moussant par
les compartiments aigres et rassis
du cerveau, les tympans sourds,
troubles orbites, la langue tapissée.
Et puis la replacer
sur la base des épaules:
bien tapée, bien sûr,
la peau, la bouche lavées,
les billes des yeux
rincées et prêtes
pour l’amour; la prophétie ?
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: Seskilgreen

Un cercle de pierres
survivant derrière une
ferme d’abattage,
la pierre de faîte, phallique
dans un pré épineux :
la tombe à couloir de Seskilgreen.
Coupe, cercle,
triangle rythmant
leur danse secrète

(yeux, seins,
cuisses d’une toujours
fragrante déesse).
J’y suis venu la dernière fois en mai
trouver la butte
baignée de campanules
et un brave roitelet
rassemblant des œufs tachetés
dans une fissure pierreuse
quand des bovins
oscillaient somnolents
sous les branches basses
cinglant les cordes
de leurs queues
à travers les siècles.
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Eau blanche

Pour Line McKie

La peau légère, goudronnée
du currach vogue
et reçoit le courant,
roule et répond à
l’âpre houle de la mer.
Dans les côtes de bois
une ondulante frénésie ; le lustre
vert-argent, rayé
noir et battant du maquereau:
le cerceau irisé
d’une truite haletante.
Comme un poisson brille plus
furieusement avant de mourir,
ainsi les écailles de la sorcière
luisent d’une excessive
et putrescente splendeur:
lumineuse, pâle —
eau blanche —
cette lueur dans les chenaux
avant qu’un orage éclate.
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