"Je ne cesserai de marteler que la critique procède avant tout d’un genre littéraire. On ne doit la juger qu’à cette aune-là.”
Au fond, la mise à nu de ce que noud prenions pour notre - Liberté - révèle que, si de l'autre côté dur mur régnaient la contrainte et l'oppression, cette contrainte et cette oppression s'exerçaient au moins clairement tandis que, de notre coté, règne cette chose infiniment subtile qui est une contrainte sans oppression, une contrainte imperceptible et qui s'immisce en nous en profitant de notre ouverture, de notre écoute, bref de notre appétit de -communication -
L'orthographe, voilà le dilemme, devient une cuirasse plus nécessaire que jamais, car une langue qui perd sa cohérence formelle abandonne aussi son statut culturel. Elle devient un patois, nous en savons, en France, quelque chose.
En sommes, chacun de nous se prend tout naturellement pour un récepteur unique alors qu'il reçoit de la même façon que beaucoup d'autres la diffusion de la même émission.
Jusqu'à l'absurde, jusqu'à ce que l'ensemble des mailles ait filé vers le néant de nos usages, et de notre identité. Car rien au monde n'empêchera les lascars à qui l'on offre - nénufar - de marquer - nénufare -ou - nainufare - ou -nez, nu, phare - à volonté !!...
Ils finiront, voilà le hic, par écrire - Water lily - comme tout le monde, les jours de brume où les étangs ne sont clairs. Le français n'y résisterait pas.
S'il s'agit de faciliter la besogne linguistique dans une perspective de technicité, n'est-il pas primordial, pour ceux qui écrivent et lisent assidument, de préserver une langue qu'ils adorent jusque dans ses derniers retranchements, quand bien même ces derniers prennent figure de caprices de la nature, c'est-à-dire de culture ?
S'agissant de la langue, on n'évite pas le tour passionnel. C'est question d'amour qui remonte aux langes et sans doute avant.
Le Robert, partant du concret pour tendre vers l'abstrait, désigne d'abord un organe charnu, musculeux, allongé et mobile, placé dans la bouche.
Enlever les accents circonflexes pour gagner du temps ?... Puis on enlèvera les cédilles, qui ralentissent aussi l'élan du jeune scripteur ? Les - s - superflus ensuite ? On arrachera les - h - partout !... N'oublions pas que nous sommes dans la sociéte du spectacle :
Littérature et philosophie s'y cassent la tête depuis belle lurette. Quelles que soient nos facultés de surdité et de cécité volontaires, nous ne pouvons nous imperméables à la pluie des mots, aux empreintes qu'ils laissent.
C'est pourquoi les instituteurs et les couches populaires vont devenir les plus ardents défenseurs de l'orthographe obligatoire, hostiles même paradoxalement aux projets de simplification qui dévalueraient leurs conquêtes.