André a su se montrer parfait gentleman. Il était d’accord pour qu’on attende. Sous l’emprise de l’enseignement religieux, il désirait sincèrement que nous passions devant le curé avant d’aller plus loin. Nous avions commencé à parler de mariage, mais pour plus tard seulement.
Mais avec lui, parce que nous nous aimions beaucoup, je devais pousser un peu plus loin la découverte de mon corps. Dans les moments les plus fous, il avait le droit de toucher mes seins. Sur les vêtements seulement, parce que « sur la peau » ça provoquait une telle montée de désir en moi que j’avais peur de perdre mon contrôle. Si la pilule avait existé à l’époque, il aurait sans doute été le premier. Je trouvais bien difficile la réserve que nous devions nous imposer.
J’avais si chaud parfois et je trouvais le contrôle du désir si exigeant que j’aurais souhaité me retrouver sous les boyaux d’arrosage des pompiers de la caserne de la rue Workman, comme quand j’étais toute petite. L’eau glacée dont ils nous arrosaient généreusement les jours de grande chaleur nous rafraîchissait le corps et les idées.
Le chapeau fait toujours un peu plus vieux et surtout moins romantique. Et puis ce sera peut-être la seule fois de votre vie que vous aurez l’occasion de porter une couronne, tandis que le chapeau…
— Vous avez raison. Ce n’est pas le temps de se priver. On ne se marie qu’une fois.
Les amours d’adolescents sont hélas souvent comme des feux de paille.
Cécile se sentait lourde depuis des semaines déjà, comme ces fruits gorgés de soleil qu’on trouve en été dans les marchés publics. Elle aimait cette saison généreuse qui lui donnait l’impression qu’elle pouvait remplir ses sacs à provisions et avoir encore de l’argent. Elle rêvait d’être riche, elle, une fille d’ouvrier. Elle rêvait surtout d’être heureuse.
On n’entreprend pas de revivre sa vie impunément. On découvre vite que les peines sont toujours aussi vives mais que les joies, elles, sont toujours aussi belles. Faire le tour de son propre jardin est un défi.
Les garçons n’épousent pas les filles qui ont appartenu à tout le monde. » Elle était vierge, c’est certain. Elle ne se serait pas mariée autrement.
Il n’y avait qu’une seule loi, dans la famille : il fallait manger ce que l’on avait pêché.