Les livres. Je ne les laissais jamais dormir trop longtemps sur les rayonnages. Je les en retirais, en remplissais mon bureau, les feuilletais, les lisais et relisais au hasard. Puis au bout de quelques jours, je les remettais à leur place et en prenais d'autres, sur d'autres étagères, et recommençais l'opération.
Leur nombre s'est accru, tant j'en ai lus et tant j'en ai caressés d'autres du regard. J'en ai maintenant beaucoup à ma disposition dans diverses demeures ; je vais souvent leur rendre visite et en relis les titres pour garder en mémoire leur emplacement.
p. 59
Le pin foudroyé mourut. Mais ma femme ne se résigna pas. Elle planta au même endroit deux plantes grimpantes, un rosier blanc et une clématite, et les fit croître sur le vieux tronc et sur les branches que la foudre avait épargnées.
Depuis les deux plantes se sont accrochées à l'arbre, elles ont poussé et jeté leurs vrilles sur les cimes des arbres alentour, et chaque printemps, roses blanches et clématites fleurissent l'arbre de vie, qui est mort mais persiste à vivre.
Quand je le regarde, je sens que moi aussi, comme ce pin desséché, je peux encore être florissant de nouvelles idées, de nouvelles angoisses et de désirs anciens et renaissants. Ainsi, je continue à vivre et à penser mes loisirs et mes peines.
p. 128-9
Je pense souvent que nous sommes venus au monde pour raconter notre vie, mais dans les bourgs de l'Italie méridionale, le récit s'identifie avec la vie elle-même, la sienne et celle des personnages évoqués, qui s'écoule sans interruption, enrichie d'une gestuelle qui n'est pas un accompagnement mais la substance, la reconstruction des faits et des postures des protagonistes, tandis que le ton de la voix et le rythme des phrases soulignent les péripéties.
p. 26