Alors déjà, je ressentais l'amour comme une chose précaire et condamnée, plus une chose inventée par moi-même qu'un sentiment naturel et commun. Évidemment, cette impression était encore confuse ; mais lorsque, plus âgée, je me rappelais avoir aimé deux personnes à qui il ne restait que si peu de temps à vivre, j'éprouvais un grand doute quant au caractère naturel des attachements, lesquels me semblaient fruits de l'imagination.
Je la crois bonne et docile superficiellement, et c'est précisément pour cela qu'elle me semble irréductible, rebelle à toute rédemption et absolument perdue. Rita est l'un de ces êtres qui font ce qu'ils veulent, sans en avoir conscience. Vouloir la changer, c'est vouloir persuader une plante de pousser différemment.