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3.5/5 (sur 4 notes)

Né(e) à : Genève , le 07/03/1962
Biographie :

Thomas Bouvier est un spécialiste en informatique musicale, écrivain et chef de chœur.

Il est le fils de l'écrivain Nicolas Bouvier dont il a mis en scène, avec Patrick Mohrt, les poèmes : "Le Dehors et le dedans".

Son premier roman "Demoiselle Ogata" lui valut le Prix Rambert.

2002 "Demoiselle Ogata"
2003 "Muscheln und Blumen"
2005 "Ombre ovale"
2012 "Le livre du visage aimé"

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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
"L'homme est capable de faire ce qu'il est incapable d'imaginer." Je me souviens de l'éclair qui m'avait traversé le jour où, au détour d'un poème, j'avais croisé ces mots. Sans me consoler pour autant des blessures infligées par nos lectures vespérales, ils m'avaient éclairé sur la nature de l'horreur dont l'homme seul est capable, ils m'avaient soufflé qu'elle prolifère à son aise là où règne un trio dont on n'a pas fini de parler : l'ignorance triomphante, la négation des normes de la pensée et le manque d'imagination.
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Je croyais être seul dans le wagon du petit train, Dona, quand j’ai entendu une voix. Intrigué je me suis levé à demi pour guigner par-dessus les sièges. Une jeune fille, engoncée dans une doudoune violette, était assise seule dans le premier compartiment. Elle avait peut-être seize ans. Son bonnet de grosse laine, tiré bas sur le front, touchait la monture de ses lunettes, des lunettes aux verres épais, presque des loupes. Tête rentrée dans les épaules, buste penché en avant, genoux serrés l’un contre l’autre, elle tenait un livre tout près des yeux et lisait à haute voix, péniblement. Entièrement absorbée par le déchiffrement des signes, elle ne m’a pas remarqué. Nous étions les seuls passagers du petit train régional. Sur la couverture de son livre, en grosses lettres orangées, j’ai lu Poil de carotte. Sous le titre, on voyait la bobine souriante d’un rouquin, un brin d’herbe au coin des lèvres.

Elle lisait fort, comme si le volume pouvait aider à franchir les mots ennemis qu’elle culbutait souvent pour former des sons mi-familiers mi-étrangers. Elle trébuchait, hésitait, reprenait, trébuchait encore, ou poursuivait envers et contre tout en cheval fou qui prend l’obstacle de plein fouet, faisant voler du poitrail les barres rouges et blanches qui fermaient sa route.

Parfois elle réussissait d’un trait une phrase entière et riait. Portée par cette grâce inattendue, elle relisait le passage comme pour s’assurer que cette facilité l’avait réellement traversée. Je la regardais et elle ne me voyait pas.

J’allais me rasseoir quand elle attaqua hardiment une nouvelle phrase. Un mot traître la fit trébucher. La frustration tordit alors son visage, elle gémit courtement et frappa la tablette avec une violence qui me fit sursauter. Elle remarqua ma présence et leva sur moi son visage de trisomique. Ses yeux, touts petits derrières les verres énormes, m’ont traversé comme si j’étais de l’air puis elle a rabattu le regard sur son livre et a repris sur un ton plus bas.
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C'est difficile d'avoir un corps, un corps qu'on a pas demandé, dans un monde qu'on n'a pas choisi, un corps qui se transforme sans cesse et concocte en secret quelques tours à sa façon dont la vieillesse, la maladie et la mort ne sont pas les moindres.
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Le silence et l'oubli sont les alliés des tueurs, la mémoire et la parole libre leurs ennemis de toujours. Se taire, rompre le lien, parler pour tromper, dominer, manipuler, falsifier, semer la terreur et imposer l'oubli, parler pour partager, se souvenir, transmettre, révéler, connaître : la vraie guerre n'est jamais ailleurs qu'entre ses deux camps.
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Aussi, à l’improviste, alors que mon esprit vaguait depuis un moment loin de tout travail précis, dans des moments de détente ou d’attente, me revenaient à l’esprit des images ou des sensations.

Attendant au feu rouge, pied à terre, le guidon dans les mains, je repensais qu’à Woebblin, il fallait faire la garde des morts et que des sentinelles armées de gourdins devaient tuer « ceux qui mangent cette chair misérable et fétides des cadavres » et je me souvenais où et quand nous avions lu cela : dans L’univers concentrationnaire de D. Rousset.

Dans la salle d’attente d’une gare, entre deux trains, je revoyais soudain des hordes de chevaux envahissant les routes, des centaines, des milliers de chevaux, conduits par des jeunes filles, rouges et échevelées qui montaient à cru et qui, le soir, poussaient leurs troupeaux dans les bois ou les prairies pour les laisser paître jusqu’à l’aube et je me souvenais que c’était dans La trêve de Primo Levi.

A la caisse d’un supermarché, patientant derrière une mère de famille qui avait rempli un caddie pour le week-end me revenait le passage des « Jamais je n’oublierai… » de La nuit d’Elie Wiesel et la phrase : « Jamais je n’oublierai ces instants qui assassinèrent mon Dieu et mon âme, et mes rêves qui prirent le visage du désert. »
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— Il s’en est fallu d’un cheveu ! Sans son regard rapide, sans ses yeux de lynx, XXX XXXX, en ce moment, ne serait peut-être plus de ce monde ! Quel désastre pour l’humanité ! Sans parler de vous, Hastings ! Qu’auriez-vous fait sans moi dans la vie, mon pauvre ami ? Je vous félicite de m’avoir encore à vos côtés ! Vous-même d’ailleurs, auriez pu être tué. Mais cela, au moins, ce ne serait pas un deuil national ! Héros de Agatha Christie

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