Ce qui est essentiel dans la question du rêve, ce ne sont pas les caractères extrinsèques de celui-ci, ni les réactions motrices résultant des émotions qui l'accompagnent, seules choses accessibles à l'observation extérieure : ce n'est pas non plus sa relation de causalité avec les impressions sensorielles antérieures ou concomitantes, seules choses accessibles à la méthode expérimentale: ce qui est essentiel, c'est la forme de la pensée et si 'ii mode d'évolution dans le rêve, c'est le jeu des diverses facultés de l'âme dans cette condition d'activité si particulière.
Mais c'est Lamarck qui le premier donna à l'idée transformiste son expression précise. Ce qui, chez ses prédécesseurs, comme Goethe, avait été une idée un peu vague et peut-être même métaphysique (car il n'est pas sûr que par la « forme primitive » à laquelle il rapportait les différentes modifications observées, Goethe eût entendu une forme ancestrale véritable et non une entité n'ayant qu'une existence idéale), devint chez Lamarck une généralisation concernant les faits réels.
Il y eut cependant des exceptions, et même très importantes. En 1830, Lyell publia ses Principles of Geology, qui faisaient entrer la géologie dans la voie de l'évolutionnisme. L'auteur se dressait contre l'idée cuvierienne des grandes catastrophes et proclamait que toutes les transformations subies par notre terre dans le passé sont parfaitement explicables par les phénomènes les plus ordinaires, semblables à ceux que nous voyons de nos jours.