Ian Grey

Le Nakaz de Catherine, ou nouveau code de lois russes, représentait pour la Russie un document d'une stupéfiante nouveauté. Catherine, en le composant, ne s'appuya pas sur les lois et coutumes russes, mais s'inspira entièrement des nouvelles idées philosophiques à la mode en Occident. Sa source principale fut L'Esprit des Lois, de Montesquieu, et sur les 256 articles du Nakaz, elle en emprunta directement plus de 250 à cet ouvrage.

NDL : Je ne sais pas si elle ( 1729-1796 ) a rencontré physiquement Montesquieu, il est mort en 1755, alors qu'elle s'attelle au Nakaz de 1765 à 1767. En tous cas, l'Esprit des Lois est en bonne place dans ma PAL. J'ai hâte de savoir si une femme ayant autant d'autorité sur son pays a réussi à mettre en pratique un programme théorique : Platon, à mon avis, a échoué ;
Thomas More a échoué ;
Rousseau a en partie réussi...

"De Montesquieu à Catherine II, de L’Esprit des lois au Nakaz, qui s’en inspire constamment, c’est toute la question de l’influence des idées des Lumières sur la politique qui est ainsi posée." (IHRIM)

Bon, résultat des courses, le Nakaz, pour lequel elle a convoqué "toutes les Russies", est un échec, juridiquement parlant : c'est plus une exposition ethnographique qu'une commission qui donne des résultats (si tenté qu'une commission soit capable de donner des résultats).
Maintenant, l'auteur pense que la rusée Catherine avait plutôt pour but "de se faire mousser" auprès des Cours européennes, et c'est réussi.

Le peuple se montra préoccupé par la rumeur selon laquelle l'impératrice Catherine se remarierait, et porterait son choix sur Grégori Orlov. C'étaient de faux bruits, car Catherine n'avait pas l'intention de se remarier, et elle n'aurait en aucun cas choisi Grégori. Elle l'aimait, elle l'admirait, mais elle le connaissait bien et ne l'aurait jamais autorisé à se mêler des affaires de l'Etat, ni nommé à une haute fonction. La grande question était de savoir comment elle pouvait le conserver à titre de simple amant et ce n'était pas un problème facile à résoudre, car Grégori, fier, ambitieux mais peu intelligent, bouillait d'impatience.

En 1757, Bestoujev s'efforçait de gagner la confiance de Catherine, et bâtissait sur l'avenir. Le danger, après la mort éventuelle de l'impératrice Elisabeth, résidait dans l'attitude du grand duc Pierre, futur empereur, susceptible de tout subordonner à son amour pour le Holstein et à la volonté de Frédéric II, roi de Prusse.
Pierre savait à l'occasion montrer un entêtement opiniâtre et irraisonné, et la grande duchesse Catherine elle-même pouvait fort bien se montrer incapable de le détourner d'une politique qui s'avérerait désastreuse pour la Russie.

Catherine II eut envers Diderot un geste de générosité qui fit bientôt le tour de l'Europe. Ayant appris qu'il avait des difficultés financières et qu'il se proposait de vendre ses livres, elle les acheta aussitôt mais lui en laissa la possession en le nommant conservateur de sa propre bibliothèque avec des appointements fort honorables (La grande Catherine, Ian Grey )

NDL : Ian Grey explique que ce "geste" fait partie de sa publicité pour passer auprès de l'Europe pour la souveraine la plus éclairée.

Les gardes, depuis la mort de Pierre le Grand, avaient servi d'arbitre à chaque changement de succession au trône et ils n'étaient pas seulement le point de ralliement de la fierté nationale au moment où le grand-duc Pierre méprisait tout ce qui était cher aux Russes ; ils constituaient également la seule force militaire de la capitale. Catherine savait combien il importait d'avoir leur appui et quel rôle Grégori Orlov était susceptible de jouer pour lui acquérir ce soutien. L'intrigue amoureuse qui s'amorça peu après leur première rencontre... (lisez-le ! )

Et le Grand Duc Pierre s'écrie :
"Le Ciel seul sait comment ma femme devient enceinte !"

Pour Catherine, le prochain avènement de Pierre, son mari, était non seulement une source d'inquiétude, mais une menace directe pour sa sécurité. Il avait essayé autrefois sans succès, de la renvoyer à Zerbst, et elle pouvait s'attendre à ce qu'il s'en débarrassât, une fois monté sur le trône pour épouser la Vorontzov.


NDL : passionnant : que va-t-il arriver à Catherine ???
hé-hé : y a t-il un Zorro qui va arriver ?

Le jour de Noël 1761, peu après quatre heures de l'après-midi, les portes de la chambre à coucher de l'impératrice Elisabeth s'ouvrirent toutes grandes. Le prince Nikita Troubetskoï, l'un des doyens des sénateurs, apparut sur le seuil. Il était en larmes. Puis, surmontant son émotion, il annonça la mort de l'impératrice et proclama le nom du nouveau souverain : l'empereur Pierre III.

NDL : Oulàlà....

La nouvelle impératrice Catherine passa chaque jour à genoux des heures devant le cercueil d'Elisabeth. Cette veillée quotidienne représentait une sorte d'exploit, d'autant qu'elle était à ce moment dans un état de grossesse avancé, ce dont peu de gens se rendirent compte. Mais elle savait qu'il n'y avait pas de moyen plus direct et plus efficace pour toucher l'opinion publique, et elle joua son rôle avec une telle dévotion qu'elle "s'empara de plus en plus du coeur des Russes", selon les dires de l'ambassadeur de France.

On demande aux gardiens de l'empereur Ivan VI Romanov de le pousser à entrer dans un monastère, mais cette idée ne fut pas suivie très longtemps, car elle impliquait qu'il demeurait en vie et sa mort représentait pour Catherine l'usurpatrice la seule solution possible.

NDL :
"Ivan VI reste en prison, quasiment sans aucun contact humain, pendant presque 23 ans. Il perd la tête, mais la légende dit qu’il est toujours conscient de son statut royal.

Le 16 juillet 1764, Vassili Mirovitch, l’un des lieutenants de la forteresse, tente de libérer le jeune homme avec quelques gardes. Mais lorsqu’ils pénètrent dans la cellule, Ivan a déjà été exécuté par ses geôliers.

Certains prétendent que cette tentative a été organisée par Catherine la Grande pour se débarrasser définitivement d’Ivan. "
( lejsl.com)

Nota du lecteur : Louise aura le même problème avec Dieudonné.