Venus de tous les continents, croyants et non-croyants, nous appartenons tous à la même planète, à la communauté des hommes. Nous devons être vigilants, et la défendre non seulement contre les forces de la nature qui la menacent, mais encore davantage contre la folie des hommes.
Rien ne s'efface : les convois, le travail, l'enfermement, les baraques, la maladie, le froid, le manque de sommeil, la faim, les humiliations, l'avilissement, les coups, les cris... rien ne peut ni ne doit être oublié. Mais, au-delà de ces horreurs, seuls importent les morts : la chambre à gaz pour les enfants, les femmes, les vieillards, pour ceux qui attrapent la gale, qui clopinent, qui ont mauvaise mine ; et, pour les autres, la mort lente. Deux mille cinq cents survivants sur soixante-dix-huit mille juifs français déportés. Il n'y a que la Shoah. L'atmosphère du crématoire, fumée et puanteur, de Birkenau. Je ne l'oublierai jamais. Là-bas, dans les plaines allemandes, s'étendent désormais des espaces dénudés sur lesquels règne le silence ; c'est le poids effrayant du vide que l'oubli n'a pas le droit de combler et que la mémoire des vivants habitera toujours.
Ma revendication en tant que femme c'est que ma différence soit prise en compte, que je ne sois pas contrainte de m'adapter au modèle masculin.
Chaque jour, Maman se tient près de moi, et je sais que ce que j'ai pu accomplir dans ma vie l'a été grâce à elle.
J’ai le sentiment que le jour où je mourrai, c’est à la Shoah que je penserai.
Je n'aime pas l'expression" devoir de mémoire". Le seul " devoir" , c'est d'enseigner et de transmettre.
Je ne suis pas une militante dans l'âme, mais je me sens féministe, très solidaire des femmes quelles qu'elles soient… Je me sens plus en sécurité avec des femmes, peut-être est-ce dû à la déportation ? Au camp, leur aide était désintéressée, généreuse, pas celle des hommes. Et la résistance du sexe dit faible y était aussi plus grande.
(Propos recueillis par Annick Cojean)
26 nov 1974 - la Loi Veil est présentée à l'Assemblée nationale :
[...] Je voudrais d'abord vous faire partager une conviction de femme (je m'excuse de le faire devant cette Assemblée presque exclusivement composée d'hommes) : aucune femme ne recourt de gaieté de cœur à l'avortement. Il suffit d'écouter les femmes. C'est toujours un drame... [applaudissements]... C'est toujours un drame, cela restera toujours un drame. [...]
-> https://www.youtube.com/watch?v=LgDrHX9LmF8
Je me suis du reste demandé, à l'époque, si les hommes n'étaient pas, en fin de compte, plus hostiles à la contraception qu'à l'avortement. La contraception a consacré la liberté des femmes et la maîtrise qu'elles ont de leur corps, dont elles dépossèdent ainsi les hommes. Elle remet donc en cause des mentalités ancestrales. L'avortement , en revanche, ne soustrait pas les femmes à l'autorité des hommes, mais les meurtrit.
Le beau est ce qu'on ne peut pas vouloir changer.