La Musique est la grande chevelure ardente du flambeau invisible mais sonore, qui est la volonté humaine; dans la hiérarchie des « densités » de la matière, elle représente le commencement du feu, de même que le sentiment qui suit la sensation, représente le commencement de la pensée. Beethoven subtilisa en elle mille essences confuses de la nature auxquelles il donna un rythme, une Loi inflexible, afin que les hommes puissent les reconnaître; il fixa le premier cette Loi, que ce pendant les hommes avaient toujours entrevue et que Bach avait presque déterminée dans les immenses cris théistes de ses Cantates et surtout dans ses Fugues.
L'existence ondoie entre deux pôles, dont l'un s'écrase sous la volonté solide de la nature, qui veut se concentrer en elle même, s'isoler dans l'espace, s'égarer dans l'angoisse de sa solitude cosmique ; et dont l'autre se dresse sur la volonté subtile de la nature, qui par son aspiration finale engendre la lumière et tend ainsi à ouvrir l'existence dans l'espace.
Mon âme pourpre est un roman écrit par un écrivain poète français d’origine italienne : Capitaine Canudo.
Nous lui devons l’expression que tout un chacun connaît 7ème art. Il fréquente le monde artistique du début du XXème siècle et signe avec Blaise Cendrars un appel aux étrangers vivant en France afin qu’ils s’engagent dans la guerre, ce que lui-même fera en intégrant la légion étrangère.
Il intitule la première partie de Mon âme pourpre Roman de la forêt en référence aux combats auxquels il a participé dans les bois de l’Argonne. Il décrit la vie des soldats confrontés à l’horreur, à la mort des hommes, aux paysages apocalyptiques formés par les spectres des arbres déchiquetés, à l’attente, sorte d’héroïsme passif souvent sublime (p. 37)…
Quand son régiment décimé est dissous début 1915, il rejoint un corps expéditionnaire en Macédoine. Son expérience va nourrir la 2ème partie de l’ouvrage qu’il intitulera « Roman du fleuve ». Il va s’intéresser aux blessés, aux gueules cassées qui vont échouer dans les hôpitaux, véritables fleuves de liquide pourpre charriant des membres cassés ou amputés…Malgré tout on y parle, on se dispute, on plaisante, on rit. (p. 117)
La langue de Canudo est belle, précise, poétique et compose véritablement un opéra de la vie et de la mort, une symphonie de fusils, d’obus et de tonnerres ainsi que l’on peut le lire sur la 4ème de couverture.
Que les éditions TENSING soient remerciées de nous permettre de découvrir ce grand auteur injustement oublié. Mon âme pourpre est un chef d’œuvre au même titre que Ceux de 14 de Maurice Genevoix ou A l’ouest rien de nouveau de Erich Maria Remarque
La seule petite réserve que je formulerais concerne non pas Canudo mais le travail d’impression et plus particulièrement la ponctuation. En effet, ce n’est pas une ou deux virgules mal placées mais des dizaines. Cela oblige à arrêter la lecture, à revenir en arrière, à replacer mentalement la ponctuation afin de refaire du sens… Je pense que ce problème peut être facilement résolu s’il y a des rééditions.