Le peintre Juan Gris et le musicien Philippe Lauters
Peindre c’est prévoir, prévoir ce qui se passe dans l’ensemble du tableau en y introduisant telle forme ou telle couleur et prévoir ce qu’il peut suggérer est tant que réalité à celui qui le regarde. C’est donc en étant mon propre spectateur que je dégage le sujet de mon tableau.
Je ne sais pas si l’on peut donner à cette esthétique, à cette technique et à cette méthode le nom de cubisme. En tout cas, je ne prétends pas obtenir un aspect déterminé, pas plus un aspect cubiste qu’un aspect naturaliste.
C’est l’aspect total de l’oeuvre qui est l’aboutissement, car cet aspect m’est inconnu.
Notes sur ma peinture, Eté 1923
Chaque époque a influencé par ses préoccupations ses éléments picturaux. À certains moments de l’histoire, on a donné une importance et une portée religieuse à de purs éléments de la peinture ; d’autres époques ont influencé scientifiquement les éléments du peintre. On sait que Vinci pensait à la composition chimique de l’atmosphère lorsqu’il peignait le beau du ciel. La chair palpitante de vie des nus des peintres vénitiens où l’on devine le sang circuler sous la peau dorée n’était due qu’à l’influence des conquêtes physiologiques de la Renaissance.
Ces éléments, influencés ainsi, ont formé chaque fois ce qu’on a appelé l’esthétique de chaque époque.
Dans les périodes d'art appelées "de décadence", il y a hypertrophie de la technique au détriment de l'esthétique. Il n'y a pas de choix et les éléments les plus hétéroclites voisinent dans les productions.
Le style n'est que le parfait équilibre entre l'esthétique et la technique.