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3/5 (sur 4 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Bordeaux , le 7 mai 1841
Mort(e) à : Paris , le 18 juin 1884
Biographie :

Léon Valade a été élève au lycée Louis-le-Grand, puis secrétaire du philosophe et homme politique Victor Cousin, avant de devenir commis principal à la direction de l'enseignement de la préfecture de la Seine, où il rencontre Albert Mérat avec qui il écrit un recueil de poèmes.

Ami de Verlaine, de François Copée, il rencontre également Rimbaud. Il fréquente des salons, dont celui de Nina de Villard, de Théodore de Banville ou de Leconte de Lisle.

Membre du club des Hydropathes, il contribue à la revue du Parnasse contemporain.

Henri Fantin-Latour le représente dans son tableau "Un coin de table", assis à côté de Rimbaud.

Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/L%C3%A9on_Valade
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Bibliographie de Léon Valade   (3)Voir plus

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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
MINIATURE


III
C’était, du bout de la bottine
Jusqu’à la pointe des cheveux,
Une nature exquise et fine,
Un corps délicat et nerveux :

Frêle instrument, dont la paresse
S’éveillait dès qu’on y touchait
Et vibrait sous une caresse
Comme un violon sous l’archet.

Dans l’ampleur folle des toilettes
Lourdes à dessein, elle avait
L’ébouriffement des fauvettes
Frileuses sous le chaud duvet.

Le froissement doux des étoffes
Lui seyait, et s’abattait sur
Ses petits pas, avec des strophes
D’un rythme nonchalant et sûr.

Elle le savait, l’ingénue,
Et qu’une influence des cieux
L’avait formée exprès menue,
Comme tout joyau précieux.

Son élégance était de race,
Pure comme l’or du creuset ;
Et le dernier mot de la grâce,
Sa taille souple le disait.

Un instinct de molles postures
Sans fin la faisait ondoyer :
Car dans les moindres créatures
La vie a son plus chaud foyer.

Et son cœur aussi battait vite !
Et dans un ardent tourbillon
Son esprit que tout rêve invite,
Noir d’une ombre, gai d’un rayon,

Allait d’un vol où ma pensée
Ivre contagieusement
La suivait, parfois distancée
Et fidèle non sans tourment.
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LE REPOS


Hors du wagon poudreux, pour aspirer l’air pur,
Parfois un voyageur se penche à la portière
Et soudain se retire, apercevant le mur
Bas et crépi qui garde un étroit cimetière ;

Un étroit cimetière où l’on sent que les morts
Sont au large, couchés sous les croix espacées,
Et dont les verts cyprès mettent comme un remords
Dans la sérénité molle de ses pensées...

Cet aspect grave, au lieu des gais tableaux mouvants
Que cherchait son regard, le gêne. Chose impie,
Que, pour tracer plus droit leur route, les vivants
S’en viennent côtoyer cette foule assoupie !

Mais l’ardent tourbillon de poussière et de bruit
Ne réveille pas un de ces dormeurs ; il passe.
Leur immobilité fait songer et poursuit
Ceux qu’une fuite aveugle emporte dans l’espace.

Le grand repos des morts dit aux voyageurs las :
« Frères impatients, pourquoi courir si vite ?
« Sans tant de hâte vaine et de fatigue, hélas !
« N’arriverez-vous pas au but que nul n’évite ?

« Que le Destin vous tue en route, ou qu’à vos grés
« Il vous laisse vaguer d’un bout du monde à l’autre,
« La place importe peu ! bientôt vous dormirez,
« Comme nous, d’un sommeil aussi lourd que le nôtre. »

Et lui, le voyageur, pourrait dire à son tour :
« Sédentaires amis, certes, je vous envie
« Pour n’avoir pas connu l’amer et vain séjour
« Des villes, dans la mort non plus que dans la vie.

« Quand nos yeux seront clos et rompus nos genoux
« À force de souffrir et de lutter sans trêves,
« Qui sait si seulement notre sommeil, à nous,
« Ne sera pas fiévreux et plein de mauvais rêves ?

« Et de même que dans nos faubourgs populeux
« Nous allons, coudoyés par la foule des rues,
« Nous subirons encore, à l’ombre des ifs bleus,
« La promiscuité funèbre des cohues ;

« Tandis que vous avez chacun, sûrs d’y rester,
« Six pieds de terre au moins d’où nul ne vous évince,
« Ô vous dont le sommeil profond semble ajouter
« À la paix du tombeau la paix de la province ! »
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AU LEVER


Charmante, les yeux bruns de mollesse baignés,
Dans le désordre exquis des cheveux non peignés,
Jeune fille déjà, l’air d’une enfant encore
(Grâce double ! qui tient de l’aube et de l’aurore),
Elle est là, se croyant toute seule... Elle a pris,
Dans le frisson neigeux de la poudre de riz,
Une houppe de cygne, et, dormeuse encor lasse,
Sur la pointe des pieds se hausse vers la glace
Par un effort qui la cambre légèrement,
Pose coquette : ainsi le divin gonflement
Du souffle accuse mieux la naissante poitrine,
En même temps que bat l’aile de la narine,
Et que les cils pressés palpitent sur les yeux.
Attentive, elle tend sa peau d’un grain soyeux
Qu’effleure le duvet doux comme une caresse,
Et se dépite à voir que toujours transparaisse
Le sang jeune, par qui son teint reste vermeil,
De la carnation récente du sommeil;
Car elle a beau poudrer sa joue ardente et fraîche,
Où, dans le rose, pointe une rougeur de pêche,
Toujours ce vilain rose et ce rouge insolent
Triomphent...
          Ô Morale, aïeule au chef branlant !
Ô duègne, qu’en secret la mode farde et grime,
Ne t’indigne pas trop (bien que ce soit un crime
D’opprimer sous l’hiver le printemps rose et nu),
Ne t’indigne pas trop de ce crime ingénu.
Si naïve, l’erreur peut être pardonnée.
Songe qu’Avril aussi, jeunesse de l’année,
Parfois s’éveille avec un caprice pareil,
Et fait, à la surprise extrême du soleil,
Sur les rouges bourgeons, drus et pressés de vivre,
Scintiller la blancheur délicate du givre.
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MINIATURE


I
C’est parce qu’elle était petite
Et charmante fragilement,
Qu’elle m’eut encore plus vite
Pour esclave que pour amant.

C’est que j’étais si grand pour elle,
Qu’abrégeant l’espace entre nous,
Mon attitude naturelle
Etait de vivre à ses genoux.

C’est qu’amoureux de sa faiblesse,
J’aimais à prendre dans mes mains
Ses petits pieds que marcher blesse,
N’étant pas faits pour nos chemins.

C’est qu’en mes bras serrant sans peine
Celle que je nommais mon bien,
J’avais, plus facile et plus pleine,
L’illusion qu’il était mien...

— Et c’est aussi que son caprice
Mettait tant de flamme à ses yeux,
Qu’il fallait bien que je le prisse
Ainsi qu’un ordre impérieux.

C’est qu’à la fois enfant et femme,
Orgueilleuse sous ses dehors
Si frêles ! elle avait dans l’âme
L’indomptable fierté des forts.

II
C’était, du bout de la bottine
Jusqu’à la pointe des cheveux,
Une nature exquise et fine,
Un corps délicat et nerveux :

Frêle instrument, dont la paresse
S’éveillait dès qu’on y touchait
Et vibrait sous une caresse
Comme un violon sous l’archet.
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RÊVE D’ÉTÉ

Je voudrais me plonger dans la source féconde
Où l’herbe au sable fin mêle ses verts réseaux,
Et reposer auprès de la Naïade blonde
Qui s’épanouit là comme une fleur des eaux.

Moi-même j’épandrais de son urne profonde
La nappe bleue et claire où tremblent les roseaux ;
Et parfois je ferais envoler des oiseaux,
Pour voir le reflet noir de leurs ailes sur l’onde.

Ou tandis que l’eau vive, égarée au travers
Des grands arbres, ferait flotter les graines mûres,
Je dirais, amoureux de leurs sentiers couverts,

La fraîcheur de l’Été sous les sombres ramures :
Et la source ferait, de ses plus doux murmures,
Un accompagnement mélodique à mes vers.
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PAYSAGES ET FANTAISIES

NUIT DE PARIS
À Jean Richepin.


LE ciel des nuits d’été fait à Paris dormant
Un dais de velours bleu piqué de blanches nues,
Et les aspects nouveaux des ruelles connues
Flottent dans un magique et pâle enchantement.

L’angle, plus effilé, des noires avenues
Invite le regard, lointain vague et charmant.
Les derniers Philistins, qui marchent pesamment,
Ont fait trêve aux éclats de leurs voix saugrenues.

Les yeux d’or de la Nuit, par eux effarouchés,
Brillent mieux, à présent que les voilà couchés...
— C’est l’heure unique et douce où vaguent, de fortune,

Glissant d’un pas léger sur le pavé chanceux,
Les poètes, les fous, les buveurs, — et tous ceux
Dont le cerveau fêlé loge un rayon de lune.

p.233-234
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L’ASILE


Les vieux tilleuls fleuris embaument... Le parterre,
Abandonné, végète au gré de la saison.
De la grille on ne voit qu’un pan de la maison
Petite et sombre au fond d’un quartier solitaire.

La maison est petite : et d’un air de mystère
Les massifs du jardin bornent son horizon.
Tout ce qu’ont écouté cette ombre et ce gazon
D’extatiques secrets, on voit qu’ils l’ont su taire.

C’est là, c’est dans ce coin qui serait l’univers,
Dans cet ancien logis, et sous ces arbres verts
Pieux comme un préau de couvent catholique,

Qu’en mes rêves je vois deux amants, muets, seuls,
Abriter un bonheur doux et mélancolique,
Ainsi qu’aux soirs de mai l’arome des tilleuls.
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NUIT DE PARIS


À Jean Richepin.

Le ciel des nuits d’été fait à Paris dormant
Un dais de velours bleu piqué de blanches nues,
Et les aspects nouveaux des ruelles connues
Flottent dans un magique et pâle enchantement.

L’angle, plus effilé, des noires avenues
Invite le regard, lointain vague et charmant.
Les derniers Philistins, qui marchent pesamment,
Ont fait trêve aux éclats de leurs voix saugrenues.

Les yeux d’or de la Nuit, par eux effarouchés,
Brillent mieux, à présent que les voilà couchés...
— C’est l’heure unique et douce où vaguent, de fortune,

Glissant d’un pas léger sur le pavé chanceux,
Les poètes, les fous, les buveurs, — et tous ceux
Dont le cerveau fêlé loge un rayon de lune.
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L’ENSEIGNE


À Léon Cladel.

C’est un trumeau. Le site est galant à merveille :
Un ciel bleu ; point d’épis, mais des buissons entiers
De roses ; et partout débouchent des sentiers
Les couples qu’au hasard le Printemps appareille.

Les pimpantes beautés, une perle à l’oreille,
Une plume au chapeau, les grands seigneurs altiers
Cheminent enlacés ; et les fiers églantiers
Pâlissent à côté de leur grâce vermeille.

But commun de ces beaux pèlerins, apparaît
Dans le fond un rustique et riant cabaret
Dont un vert chèvrefeuille embaume les tonnelles.

Aux fenêtres, croisant ses vrilles à plaisir,
Le liseron bleuit comme un vague désir...
Et sur l’enseigne on lit : Aux amours éternelles !
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RÉMINISCENCE


Il est de fins ressorts dont la marche ignorée
— Ni savants, ni rêveurs, n’ont deviné comment —
Va dans un coin de l’âme éveiller brusquement
Le parfum d’une fleur autrefois respirée.

Autrefois, le céleste épanouissement
De ta bouche qui rit, cette rose pourprée,
M’avait tout embaumé l’âme… Chère adorée
Qui t’envolas si tôt, l’oubli vint lentement !

Voilà que, ravivant ton image effacée,
Ta grâce tout à coup me vient à la pensée,
Comme l’air qu’un hasard souffle aux musiciens.

D’un soir déjà lointain je reconnais les fièvres :
Et mon cœur a senti refluer à mes lèvres
Une fraîche saveur de baisers anciens.
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