Reviens m'accompagner dans les faubourgs;
Voici les beaux jours avant la Toussaint.
La foule effervescente nous devance de ses chansons
Et les chorales de fête traversent les frondaisons.
Voici l'automne qui t'appelle au son du cor
Avant de répandre son butin devant toi.
Ton pied s'enfonce dans des peaux de tigre aux couleurs fauves,
Et tu avances sur la pourpre de son manteau.
L’air est froid et clair comme de la rosée fraîche,
On peut voir les bouleaux au plus loin sur les chemins.
Nous marchons lentement à travers la prairie muette
Au-devant du bonheur de la lumière dernière.
Agnes Miegel, Herbst (ma traduction)
Le romantisme est une réaction contre l'humanisme classique, dans la mesure où celui-ci a recueilli des idées issues du rationalisme. Comme le Sturm und Drang, le romantisme est irrationaliste. Il place au premier rang les valeurs émotives, sentimentales, individuelles et nationales. Il a, comme le Sturm und Drang, mais avec plus d'application érudite, le culte du passé allemand, de l'art et de la poésie populaires. Il en diffère par une sensibilité artistique et musicale plus affinée, par une religiosité plus prononcée, par une pensée philosophique plus vigoureuse et une esthétique plus explicite. Les romantiques ne se croient pas les ennemis des classiques ; Goethe est l'un de leurs dieux, et ils ont recueilli une bonne part de l'héritage de Herder. Mais leur ambition est d'englober le classicisme et le romantisme, l'antiquité et les temps modernes, le réel et la poésie dans une plus vaste synthèse. Ils sont, d'emblée, théoriciens beaucoup plus que créateurs, et leur premier cénacle, celui d'Iéna, est un laboratoire d'idées est e formules plutôt qu'un atelier d'oeuvres parfaites.
Si de très loin, puisque nous sommes séparés,
Tu peux me reconnaître encor -si la passé,
Cher compagnon de mes souffrances,
Te garde une douceur encore,
Sais-tu, dis-moi, où reverras-tu ton amie?
Dans ce jardin où nous nous sommes retrouvés
Aprés des jours d'horreur funèbre,
Près des fleuves, là-haut, aux sources de la vie.
Etait-ce le printemps? -l'été? Le rossignol
Mêlait son chant suave aux cris des passereaux-
Non loin de là, dans le bocage,
Les arbres balançaient vers nous leurs encensoirs...