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JOSE MILLAS-MARTIN [corriger]


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L'Homme et l'abime

 

 

Réflexions sur la mort, le dérisoire de la vie,

le sang versé, la religion qui sert et ne sert,

le tout avec un souffle certain, un lyrisme

souvent coloré de noir.



L'angoisse existentielle affleure,

et saigne abondamment chez ce

poète.



André MARISSEL, plonge, replonge

et nous plonge " au fond de ça ",

nous donnant à connaître de ses

tourments les plus profonds, ceux

des profondeurs de l'âme.



Ainsi :



" PLONGER…

Plonger, plonger encore et plonger au fond de ça,

Au plus profond de ça, c'est là ton aventure

Plonger encore et creuser jusqu'au nerf

Jusqu'à la foudre sans cassure,

Cette mie des morts qu'on bêche et tasse



Plonger, plonger, tant que ta vie

Au plus profond suivra la trace

Du sang rongé qui te menace,

Et des termites de l'outrage

Sous les cadavres des murs gras ;





" PLONGER… encore

— Plonger, creuser et coudre à vif

La plaie brûlante des viscères,

Naître à la terre, la graver

Dans cette main qu'elle a forgée ;



— Plonger, plonger, boire à longs traits

Le lait sévère des squelettes,

Baiser la bouche et les yeux fous

En bas, au plus profond des fours

Vers le martyre et l'au-delà ;



— Briser le sexe d'un dieu sec,

D'une momie qui ne respire

Que d'autres corps incarcérés,

Derniers fagots qu'on a jetés

Sur le bûcher immense du néant…



— Plonger, creuser : tu es dedans,

L'enfer referme son cratère,

En bas, plus bas, serre les dents ;

Ta tête tourne, poudrière

À la racine des prisons !





PLONGER : toujours

Plonger, plonger encore et plonger au fond de ça,

Plonger encore au plus profond,

Puisqu'au-dessus les hommes clouent

Le Christ aux poutres des casernes,

Puisque tes doigts sont écrasés.





" ADIEU



Je m'élance et je m'enlise.

Adieu ! les cieux n'ont pas d'échelles,

Mains écrasées que l'aube scie

Aux poignets comme à l'horizon ;



Mais les forêts, sans illusion,

Pourchassent le pluie de cigales

Qui tombe des étoiles noires ;

Aucun des dieux n'a de tison !





" MÉMOIRE



Meurs ! ô poème dérisoire !

Rejoins l'enfance que je nie,

Ce temps de l'Épiphanie

Dans les lointains de ma mémoire !

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