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Provinciale

Hier soir j'avais besoin d'un petit moment de détente livresque. Quoi de mieux qu'un des livres gentiment offerts par mon ami Adrian Voicu (Mulțumesc Adiță!) et que j'ai eu tort de laisser attendre si longtemps dans ma PAL. Ces histoires « provinciales » sont très hilarantes, mais attention, elles traitent parfois de sujets plus graves comme l'entraide entre les générations au seuil de la vieillesse (cf. « La confusion » [des médicaments] pp. 26-29, « L'anniversaire », pp. 30-33, sur le perte de la mémoire) ou une intervention épique des pompiers (cf. « L'incendie », pp. 17-22).

Le cadre est un « village au pied de la montagne ». Parfois cela ne se passe pas nécessairement en Roumanie (quoique !), l'auteur souhaitant auréoler ses récits d'une sorte de bienveillante universalité. Même si la lecture dans le désordre est envisageable, car les nouvelles n'ont pas forcément de lien entre elles, on constate aisément que certains protagonistes sont « récurrents » : Săndel, Paul, Ninel, Efel (l'enfant d'un couple mixte franco-roumain), Culiță, mos Gătej, Gherase Multicase.

Il y a aussi une composante temporelle assez paradoxalement explicite des ces enfants du temps du communisme (l'autobiographique n'est jamais trop loin chez Adrian Voicu) qui deviennent adultes pendant la période de transition post-révolution (de 1989). Le village interagira d'ailleurs avec l'étranger et accueillera aussi les marques de la société de consommation (cf. « Promotions », pp. 63-66).

J'ai beaucoup aimé et il m'est difficile de ne retenir que quelques proses. Toutefois, s'il fallait dire « voici ma préférée » je crois que « Langues étrangères » (p. 98) de par sa simplicité et sa concision m'a le plus plu : une vieille femme du village qui ne parle pas l'anglais, mais… l'italien !

Au final le tableau de ce village du bout du monde est fortement pittoresque. J'ose le dire, Adrian Voicu a une plume bien acérée qui s'érige au niveau du génie narratif d'un Ion Creanga.
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Life Stuff sau Învăţături pen..

« Stuff » se traduit normalement par « trucs », ce qui signifie que ces « chestii de viață » (traduction en roumain que l’auteur propose lui même) sont bien des tranches de vie et des faits divers accompagnés souvent de leur morale plus ou moins explicite. Le sous-titre du livre est d’ailleurs « enseignements pour Andreea ».

Le roman se présente comme une sorte de collage d’histoires comportant des titres et constituant, comme l’indique l’avant-propos, un assemblage (très cohérent à mon humble avis) « d’aventures disparates », « de pensées sur la vie de tous les jours ».

Le narrateur s’adresse à sa fille sur un ton plein de tendresse filiale, d’humour et d’auto-ironie. Il nous raconte, entre autres souvenirs et anecdotes, par une habile mise en abîme, comment il est devenu écrivain : il cite le précédent livre de Cezar Pârlog, ainsi que son « homonyme » Cezar Borgia. Cela instaure très vite une dialectique de la vraie/fausse confession, car nous restons dans le domaine de la création littéraire dont le propre est la fiction. Mais quid du prologue ?

Le style mélange, avec élégance, oralité et recherche d’une grande richesse lexicale, avec l’emploi de nombreuses expressions consacrées ou proverbes qui reflètent un ton délibérément moralisateur.

Un récit contemporain (page 17, la poupée gonflable achetée sur Amazon est un modèle 2012) sur la transmission entre parents et enfants, sur la reconnaissance (cf. la dédicace « à mes parents, là où ils se trouvent... ») envers l’héritage familial, sur l’amour filial contrarié par la séparation des parents qui se font la guerre.

Le livre, qui ne manque toutefois pas de romanesque, s’apparente à un journal, non censuré (Andreea n’a que 5 ans et 7 mois).

Au final un livre sensible, mais qui ne tombe pas dans la sensiblerie sur la séparation entre un enfant et son père, né du besoin impérieux de se sentir proche de son enfant, même quand celui-ci est loin physiquement.

D’aucuns diront que Cezar Pârlog est drôle, mais ici on rit jaune, il fait contre mauvaise fortune bon (et grand) cœur.

Un livre que j’ai adoré et que je trouve fort bien écrit.

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