AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Transignum [corriger]


Livres populaires voir plus


Dernières critiques
Et puis quoi d'à venir

Martine Morillon-Carreau, directrice littéraire de l'excellente revue Poésie/première, poète, nouvelliste et romancière, publie aux Editions Transignum un poème accompagné d'encres de Marc Bergère et traduit en regard dans la langue de Shakespeare par Patrick Williamson. Je parle d'un poème mais, sans vouloir pratiquer l'écriture inclusive (horresco referens), on doute s'il s'agit aussi de plusieurs poèmes comme induirait à le croire la page de titre.

L'Indécis au Précis se joint, et ce(s) texte(s) revêt(ent)... grrrrr !!! une grande unité. Plusieurs parties se succèdent donc, précédées de majuscules en caractères gras qui les distinguent, les vers n'en comportant pas sauf afin de marquer la structure d'une strophe. L'apparente fluidité du propos ainsi se soutient de divisions invisibles, incertaines et mobiles comme il convient au flot de la rêverie. Une cascade s'y contemple d'ailleurs, "tout ceci vibrant / et si étrange au fil de l'eau".

C'est presque une interrogation métaphysique : "cette foudre/qui [...] désigne / l'instant / sans repentir / comme une / force d'origine". Foudre héraclitéenne, «l'instant / sans repentir » fuit avec l'eau cascadeuse d'un temps qui ne l'est pas moins. On ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve.

Avec tonalités à la Kant pour suivre : « dans l'obscurité […]/ Il y a quelque chose/une/présence… », telle la chose en soi ? « indistincte encore/ derrière / le mystère des mots ». Advient alors le langage (« Un mot/soudain/abolit ta solitude »), à travers quelque songe où arbre mort et arbre plein d'une « sève obstinée » se font face de part et d'autre du « Basalte » qui domine la rive dans « son évidence / sombre ».

Des jeux de lumière debussystes nous conduisent plus loin, « Et sans fin dirait-on », mais on n' échappe point à « l'effacement/bientôt annoncé/dans l'obscur/du soir ».

Et la disparition devient poème, le chemin des mots continue « dans l'ellipse » depuis ce paysage onirique « sans plus de toi ni moi » jusqu'à « la trace haletante/en la clarté clairière au-delà/au-dessus/du silence ».

Riche d'une multiplicité de sens - on perdrait à les expliciter toute la magie du poème et il ne faut pas figer les interprétations - Et puis quoi d'à venir s'enveloppe de charmes sensoriels, dans sa belle édition pleine d'échos anglais et de couleurs à l'encre.
Commenter  J’apprécie          30

{* *}