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Giuliano Ladolfi Editore 2020 [corriger]


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Le regard... un lever de soleil

Le regard… Un lever de soleil, de SONIA ELVIREANU, édition bilingue en français et en italien (Lo sguardo… Un’alba), traduction, liminaire et éditions : Giuliano Ladolfi, Rome, postface de Gérard Le Goff, 193 pages, 2023, ISBN : 978-88-6644-691-0





La poétique de Sonia Elvireanu me paraît tout d’abord résider en une manière de triangulation entre la lumière, le regard et la langue : c’est la langue de la lumière d’une étonnante pureté / Le regard est lever de soleil… Rien n’existe en effet sans lumière, sans aurore, sans soleil. Il faut ensuite un regard (l’œil humain, comme le relève Gérard Le Goff dans sa postface), à savoir l’organe biologique de la vision mais aussi le cerveau, le vécu, le psychisme y-afférent. Enfin, la langue du poète, sa faculté de transmettre, de s’exprimer, de recréer le Verbe de manière artistique, tel un peintre qui malaxe formes et couleurs…



Dans son liminaire, Giuliano Ladolfi évoque la dimension spirituelle chez Elvireanu, ce qui me semble indispensable dans notre monde où règne la dictature de l’économie et du spectacle. Notre autrice emploie en effet par moments maints termes dans le domaine de Dieu : sanctuaire, sacerdoce, prière, croix, reliques, monastère… Mais aussi des dieux de l’Antiquité tout droit issus de la Mer Egée et qui la fascinent. Enfin, on ressent, comme chez de nombreux poètes, une sorte de panthéisme spontané devant la nature, ses beautés, ses particules, ses mystères… Avec cette capacité de mise en lumière, de regard attendri, d’expression verbale devant le moindre grain de sable, devant l’oiseau ou même le mur qui coupe la perspective mais sur lequel vont s’inscrire les difficultés d’exister.



Encore trois mots concernant ce recueil-gemme auquel la traduction italienne de Giuliano Ladolfi, lui-même poète, donne une résonance d’architectures romaines ou celle d’un quatuor au seuil d’un délicieux canal vénitien…



Tout d’abord le « tu » de Sonia Elvireanu. Celui de l’être aimé auquel elle s’adresse avec beaucoup d’humilité, de pudeur, de sensualité, parfois. Être perdu mais résolument présent :

-me vois-tu tout près de toi,

derrière ton fauteuil, sur la chaise bleue,

dos à dos, deux ombres qui se parlent ?

Mais le « tu » me semble s’adresser parfois au lecteur avec lequel l’écrivaine entre en connivence, comme pour nouer une alliance, une manière de complicité.



Ce tableau poétique, tout à la fois nébuleux et délicatement ajouré dans les teintes de ses évocations, est complété par une analyse détaillée et précise de l’écrivain Gérard Le Goff qui, à la manière d’Ingres, rehausse les aquarelles éminemment féminines de Sonia Elvireanu.



On notera enfin le changement fréquent de focale entre le mur, véritable personnage sur lequel s’inscrivent les difficultés de vie et le lointain, vêtement oscillant de l’horizon. Comme si la photographe hésitait, la main sur son objectif, entre le portrait de toutes choses et l’infini où s’inscrit doublement la destinée humaine.



Claude Luezior













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