Lilia Bongi [corriger]

Dans un style simple et spontané, l’auteure nous raconte les expériences de vie d’une petite Congolaise envoyée par son père dans les années 60 en Belgique pour qu’elle y reçoive une bonne éducation.



Largement autobiographique, le roman est l’occasion de décrire les difficultés et la souffrance endurées par les enfants qui, comme l’héroïne, sont arrachés à leur famille et confrontés à une culture différente, à la discrimination et au harcèlement dus à la couleur de peau, à des familles d’accueil dont le souci premier est souvent de se faire de l’argent ou qui, animées des meilleures intentions du monde, ne peuvent cependant s’empêcher d’affirmer la supériorité de la race blanche. Pour ces « Belgicains », comme on les appelle péjorativement là-bas, coupés de leurs racines car ils ne reviennent souvent au pays qu’après bien des années pour les vacances d’été, le fossé qui les sépare de leur famille et de leurs anciens amis se creuse inexorablement, car ils ont oublié la langue locale.



Le roman est aussi intéressant par ce qu’il nous apprend sur la société congolaise de l’époque. Sur la place des femmes au sein de la famille, où les épouses répudiées se succèdent et sombrent dans une misère criante, car abandonnées sans ressources. Sur les liens qui unissent les innombrables frères et sœurs qui composent « la » famille. Sur les jeunes qui se désintéressent totalement de la politique mais sont esclaves du souci de « l’apparence ». Sur la politique du recours à l’authenticité sous le régime Mobutu qui, notamment, bannissait les prénoms chrétiens et les noms occidentaux et interdisait aux femmes de porter un pantalon.



Un roman riche en informations et en émotions où la résilience de l’enfance et de l’adolescence fait progressivement place à l’affirmation de soi et au combat pour des valeurs qui, tous deux, caractérisent l’entrée dans l’âge adulte.