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La Peur des barbares

C’est un texte terrible, une longue nouvelle plutôt qu’un véritable roman.

Il a obtenu le Prix Européens de la Littérature et son auteur est macédonien.

Retenez bien son nom (le prénom est rigolo) : Petar Andonovski



Il faut tout d’abord imaginer Gavdos, petite île au sud de la Crête. Pas la vraie Gavdos qui parait plutôt charmante, mais une île-prison impitoyable dont on s’échappe rarement et où on meurt beaucoup. Une île où les gens vivent oubliés.

Il y fait froid, c’est extrêmement venteux et tout concourt à l’étrangeté et parfois même à l’oppression.

Mais attention, attention : ce texte est très beau !

Nous allons nous intéresser au destin de deux femmes.

Oxana est une réfugiée ukrainienne. Réfugiée car ingénieure à Tchernobyl et donc contaminée. L’action se déroule quelques années après la catastrophe. Elle est venue avec Evguéni, qui est très malade, et avec Igor, le plus impétueux de ce trio maudit. Évidemment, personne ne leur parle.

Pinelopi est crétoise. C’est une orpheline qui a été recueillie dans un monastère de l’île. L’avenir est tracée : on devient religieuse ou bien on est promenée comme une bête de foire pour être vendue à un futur mari. Le sien est une brute épaisse et alcoolique.

L’originalité du récit tient surtout aux rêveries que chacune distille à une amie disparue. Et cette singularité onirique va rapprocher les deux femmes et les sauver du désespoir.

Les autochtones sont franchement hostiles comme le pope ou le médecin qui fait de petits aller-retour depuis la Crête.

Et puis il y a Stella, la femme du gardien du phare, folle à hurler au bord des falaises.



Les barbares donc…On pense évidemment au chef d’oeuvre de Coetzee, En attendant les barbares. On pense à Sophocle bien sur. Et moi je pense beaucoup à Camus car la révolte semble imminente dans cette situation aussi absurde que consentie. C’est là où surgit l’étrange beauté de ce texte stylé et évanescent.

C’est là où surgit enfin la vie grâce à…mais on ne va pas spoiler !



Mais personne ne m’a répondu : qui sont ces barbares ? Vous, moi, eux, les hommes (les mâles) ?

Et si on décidait que le barbare c’est le lecteur lui-même !

Vous me direz, l’affaire est en cours.



Le texte est formidablement bien traduit.



Je dois cette expérience littéraire à @isacom. Qu’elle en soit vivement remerciée.



Gageons qu’on reparlera très vite de ce Petar dont c’est le premier roman. Ce sera (je sais, c’est facile mais trop tentant) alors un véritable feux d’artifice !!!
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La Peur des barbares

C'est grace à la traductrice Maria Bejanovska que j'ai pu prendre connaissance de ce livre et de son auteur .



Ce n'est pas une lecture réjouissante , elle décrit l'isolement et la solitude sans espoir des deux personnages principaux , Oxana l'ukrainienne qui s'est réfugiée sur l'île de Gavdos avec Evguèni et Igor aprés l'accident de la centrale nucléaire de Tchernobyl et la crétoise Pinelopi , épouse de Michalis , mal mariée et mère d'une enfant qu'elle n'aime pas et qui semble désespérée de se trouver de nouveau enceinte . Pinelopi à donc recours à une herboriste qui lui confie un sachet de plantes , au pouvoir abortif qui peut même causer la mort si l'on dépasse la dose . Cette île semble une prison d'où l'on a envie de s'enfuir mais ceux qui s'en vont , on ne les revoie jamais ou bien morts comme ce pêcheur dont on ne retrouve qu'une planche du bateau nommé " Espoir " . Un symbole ?

L'ambiance est un peu opressante mais l'écriture est belle , même un peu onirique parfois à la hauteur des rêves nostalgiques des deux femmes . Les gens se parlent peu dans cette histoire et le lecteur en est réduit à ses propres déductions ou à son imagination .



Ici pas de cette joie de chez " Zorba le grec " mais au contraire un désespor constant . Les diverses femmes de l'histoire semblent toutes êtres des victimes , d'ailleurs les hommes leur parlent peu et s'en méfient .Seul un berger dérangé est intérressé par elles qu'il épie , mais il a l'air de faire couple avec sa chèvre .



En dehors de quelques mots à propos de Tchernobyl et de la chute du mur de Berlin , les évenements du monde ne semblent pas parvenir jusqu'à cette île .



Les barbares sont-ils les autochtones méfiant des étrangers vivant autrement qu'eux , les étrangers eux-mêmes , les hommes qui tous boivent un peu trop de raki ou les allemands dont un avion s'est écrasé sur le sommet de l'île ? je pense que les barbares , ce sont les autres qui toujours ici font peur .



Expérience littéraire intriguante mais non dénuée d'attraits que ce livre du macédonien Petar Andonovski .
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La Peur des barbares

Un court roman, étrange et beau.

Le lieu : l’île grecque de Gavdos, où "les gens vivent oubliés depuis des années".

Deux femmes s’y côtoient sans se parler.

Pinelopi est crétoise, orpheline grandie dans un monastère et douée pour le dessin, mal mariée à une brute mais qui conserve des rêves.

Oxana est ukrainienne : une réfugiée de Tchernobyl, avec Evguéni malade qui crache du sang, et Igor.

Chacune, solitaire, confie ses pensées à une amie disparue, et peu à peu l’une et l’autre se rapprochent, dans une solidarité féminine face au désespoir.

D’autres personnages, multiples : des hommes qui boivent, qui "craignent les femmes, ils s’en méfient, ils pensent qu’elles sont capables de les trahir" ; des tranches de vie et des trahisons, et des femmes surtout, des femmes rêvant de fuite et vivant d’espoirs.

Qui sont les barbares ? Les étrangers ? Les hommes ? Les personnes qui vivent différemment, pensent et rêvent différemment ?

Je tiens à remercier encore Maria Bejanovska pour m’avoir envoyé ses belles traductions de "La chair sauvage" et "La peur des barbares".



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