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    SergeTailler le 04 mai 2019
    Martin et Sandra vivent ensemble dans une petite maison à la campagne quelques mois seulement après leur rencontre. La demande vient de Sandra qui termine ses études fin juin et sort avec Martin depuis début mai. Elle quitte son kot et ne passe que quelques semaines dans l’appartement de Martin au cœur de Bruxelles. Elle ne sent pas chez elle et isolée dans ce petit pied-à-terre. Elle commence déjà à perdre de vue ses amis de fac qui, leurs études terminées, rejoignent leur région natale ou s’engagent déjà dans la vie professionnelle. Elle aime être aux côtés de Martin mais déteste illico la vie Bruxelloise alors que lui se sent comme un poisson dans l’eau dans la capitale où il vit depuis plus de dix ans. Elle n’y connait personne et leurs seules fréquentations sont ses amis à lui. Elle vient d’être proclamée et l’été arrive. Libre de toute obligation, elle profite de ses journées et dispose de la voiture de Martin. Elle le dépose le matin au bureau pour le reprendre en fin de journée. Elle quitte Bruxelles au petit jour pour gagner sa ville natale, située à trente kilomètres de la capitale. Elle y fait chaque jour l’aller et retour pour y retrouver ses amis d’enfance perdus de vue pendant les quatre années de cursus universitaire qu’elle vient de boucler. Elle est libre et motorisée mais les journées sont longues et elle est impatiente de retrouver Martin en fin de journée pour passer la soirée et la nuit avec lui. L’été est calme au bureau et il arrive à Martin de descendre en ville en milieu d’après-midi pour s’installer en terrasse et profiter un peu de l’effervescence de la métropole sous le soleil. Il envoie alors à Sandra un message et l’invite à le rejoindre. Il profite de la période estivale et enchaîne les soirées animées avec ses amis au cœur de la cité. Elle se lasse vite de ces veillées répétées où elle ne connait presque personne et décline vite ses invitations. Elle lui répond préférer l’attendre dans son appartement qui devient leur nid le temps d’un été.

    Un jeudi de la fin du mois d’août, elle revient à Bruxelles en début d’après-midi. Impatiente de partager son enthousiasme avec Martin, elle le convainc de quitter le bureau plus tôt. Elle veut lui faire part de quelque chose d’important et lui propose de le retrouver trente minutes plus tard au petit bar situé face à son bureau. Il accepte et la rejoint. Il fait encore très chaud quand ils s’installent au soleil en terrasse. Elle est très impatiente de lui annoncer qu’elle vient de visiter une petite grange rénovée dans un petit village isolé au milieu de nulle part. L’habitation a beaucoup de cachet et le petit hameau n’est pas dénué de charme. Martin écoute Sandra en souriant, il l’observe tendrement lorsqu’elle décrit le petit fenil et accepte de l’accompagner au rendez-vous qu’elle a pris pour une seconde visite dès le lendemain. Il ne connait pas le petit village et n’a aucune idée de à quoi il ressemble mais il sait déjà qu’il ne va pas être aisé de s’opposer à son projet.

    Ils font le tour de la maisonnette le vendredi en fin de matinée. Le petit village est à trente-cinq kilomètres de son bureau mais à moins de cinq kilomètres des parents de Sandra. Ils déjeunent à l’extérieur après la visite et, plus enthousiaste encore que la veille, elle convainc rapidement Martin qui appelle l’agence en début d’après-midi pour marquer son accord. Il signifie son renon au propriétaire de l’appartement Bruxellois et ils emménagent à la campagne quelques semaines plus tard.

    Cela fait aujourd’hui trois ans que Martin vit avec Sandra et sa vie a beaucoup changé même s’il n’en est pas toujours vraiment conscient. Il a vendu à un grand groupe la boite de design industriel, fondée avec des amis il y a une petite dizaine d’années de cela. Depuis la cession, Martin n’est plus animé par le même feu qu’avant bien que sa vie n’ait jamais été aussi confortable au niveau matériel. Avec la vente de sa boîte, c’est son autonomie et sa liberté qui s’envolent mais aussi et surtout son insouciance. Sa vie professionnelle est aujourd’hui bordée de processus, de reporting et de consignes strictes et procédurières. Au niveau personnel, le changement est radical lui aussi. Il a perdu de vue la plupart de ses amis Bruxellois et les intimes que Martin et Sandra fréquentent aujourd’hui sont majoritairement issus de son cercle à elle. Les sorties à la capitale sont de plus en plus rares et se comptent aujourd’hui sur les doigts de la main.

    Depuis quelques mois, il est promu chef d’un important projet au sein du groupe qui a racheté sa société. Les promesses formulées lors de l’intégration de sa start-up dans la structure ne voient jamais le jour et Martin perd toute motivation et passion dans ce qu’il fait aujourd’hui. Après la vente de ses parts deux ans plus tôt, il prend un congé sabbatique de trois mois et ils passent l’été à visiter l’Asie pendant dix semaines. Ils traversent la Thaïlande, le Cambodge et terminent leur périple par le Sri Lanka. Après leur expédition, Martin s’offre la voiture de ses rêves : une Lancia Delta HF Intégrale Evolution 1, la voiture multiple championne du monde des rallyes qui le fait rêver quand il est adolescent. C’est sa première Lancia et il devient un inconditionnel de la marque.

    Ce soir-là, Sandra rentre à la maison plus tôt que d’habitude. Elle est l’antithèse de ce qu’elle est d’ habitude. Taiseuse et distante avec Martin, elle évite son regard et se réfugie dans la salle de bains à peine arrivée. Il est intrigué d’autant qu’elle est revenue avec des plats préparés qu’elle a achetés chez un traiteur à côté de son bureau. Ils vivent ensemble depuis près de trois ans et ce n’est pas dans ses habitudes de ramener des plats préparés. D’habitude, si elle n’est pas d’humeur à cuisiner, c’est lui qui prend le relais ou alors ils décident d’aller manger à l’extérieur pour prendre le temps d’un tête à tête.

    Sandra ne quitte la salle de bains qu’une heure plus tard et annonce qu’elle est très fatiguée. Elle a pour intention de se coucher tôt mais souhaite cependant lui parler après le repas.

    Martin est tourmenté. Impossible d’attendre la fin du repas. Il lance plusieurs amorces pour tenter de comprendre ce qui se passe. Elle n’y répond pas. Il la prend dans ses bras mais elle s’en échappe doucement. Elle est mal à l’aise. Elle peine à se lancer et balbutie quelques propos décousus alors que le plat du traiteur crépite dans le four à 180 degrés.

    Elle lui explique qu’elle ne sent pas très en forme pour l’instant et qu’elle a besoin de prendre un peu de recul et de réfléchir. Et annonce son intention de retourner vivre chez ses parents une petite dizaine de jours. Ses géniteurs sont d’ailleurs déjà prévenus et l’attendent. Martin n’a aucune inquiétude à avoir, elle lui donnera très rapidement des nouvelles.

    Tout commence au printemps de l’année écoulée. Après avoir vendu ses parts et s’être retrouvé dans le nouveau groupe, Martin se met en tête de changer de vie mais aussi de boulot. Après cette première expérience entrepreneuriale, il veut se relancer et faire tout à fait autre chose de sa vie et envisage de reprendre des études à horaire décalé. Le cursus du Master en Finance et Ingénierie Financière sur lequel porte son choix s’étale sur trois ans, à raison d’un cours le mardi soir et du samedi toute la journée.

    Lorsqu’il expose son projet à Sandra, elle ne veut pas en entendre parler. Elle s’y oppose et invoque qu’il n’a pas besoin de se remettre aux études pour faire autre chose. Elle lui rappelle au passage le sacrifice qu’elle a personnellement consenti en abandonnant les cours du soir auxquels elle est inscrite au début de leur rencontre. Elle prétend l’avoir fait par amour pour lui, préférant être à ses côtés plutôt que dans un auditoire. Il est irrité de la mauvaise foi de Sandra qui ne suit pas ses cours non pas par sacrifice mais parce qu’elle est enrôlée dans ce cursus à la demande de ses parents qui le financent. Elle n’a aucun intérêt pour ce programme mais n’a pas non plus envie de travailler. Et ses parents l’encouragent à continuer et sont disposés à financer une année d’études supplémentaire. Elle prétexte leur déménagement pour ne pas passer ses examens et finalement abandonner.

    Martin lui promet de ne pas s’inscrire sans son accord mais ne lui dit pas un mot à propos de l’examen d’entrée qui se tient début juin pour lequel il révise en cachette depuis des semaines. Il dissimule également le petit essai sur lequel il est occupé et qu’il compte remettre prochainement à l’administration pour clôturer son processus d’inscription. Ce travail écrit, il le rédige pendant ses pauses de midi et n’en dit rien à personne, ni même à ses collègues et amis.

    Le jour de l’examen d’entrée tombe un samedi. Martin se lève très tôt et promet à Sandra d’être de retour pour quatorze heures. Elle ne lui pose aucune question avant qu’il ne quitte la maison. Il revient de très bonne humeur en fin de matinée et vont se promener ensemble le reste de la journée.  Ce  n’est que le soir lorsque Martin invite Sandra dans son restaurant préféré qu’il lui avoue avoir passé l’examen préalable à son admission ce matin même. Elle le regarde affectueusement lorsqu’il passe aux aveux.

    Quelques jours plus tard, il reçoit un courrier de l’université lui annonçant qu’il a réussi l’examen d’entrée avec brio. Il devrait réceptionner dans les jours à venir toutes les instructions à propos des documents à transmettre pour concrétiser son inscription. Trois jours plus tard, la boîte aux lettres, qu’il prend la peine de relever lui-même tous les jours, est encombrée d’un volumineux dossier émanant de la faculté. Il est particulièrement vigilant à être le premier à relever chaque jour le courrier et dissimule le double de la clé de la boîte aux lettres pour éviter que Sandra ne tombe sur ses correspondances avec son académie. Il

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