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Critique de Fabinou7


Abasiyanik veut dire “manteau brûlé” en turc et, de fait, il y a quelque chose de cramé dans “Un homme inutile” et ces autres brèves nouvelles venues de l'autre rive du Bosphore.

Le souffle chaud et légèrement aviné de l'auteur dépeint avec malice des vies facultatives. L'anatolien est partagé entre la nécessité empathique de dire ces gens, de les faire exister en livre et l'amertume un peu rugueuse d'un auteur aussi dépité que ses personnages. 


Nous n'avons pas l'impression de lire Abasiyanik mais de l'entendre, son style oral rend la sonorité du texte très singulière, on a la sensation d'être sous un olivier, à écouter les anecdotes du pays, entre deux rasades anisées de raki.

“Le truc poisseux qu'ils appellent “lutte pour la vie” quelque chose en lui s'y refusait.” Sait Faik Abasıyanık, mort à Istanbul en 1954, s'arrête sur ces vies inconnues dont tout le monde se fou : un fait divers mal rédigé, en petit caractères, dont on lit à peine le titre, dans un bar respirant la cigarette mouillée, sur un encart de papier journal local, jauni de café froid.

Cet ouvrier, cet ivrogne, ce pope orthodoxe, ce pêcheur sont à côté de la vie, du mouvement, dans les marges, à l'image de l'auteur ottoman qui passa une grande partie de sa vie sur une île en mer de Marmara, il leur rend ici quelque part une forme d'hommage.
Mais ces invisibles, encore faut il leur prêter attention, Abasiyanik, dans la nouvelle “l'Homme de la brasserie”, livre sa technique d'écrivain : “dans la rue, dans une boutique ,dans un endroit fréquenté, on peut regarder le visage de n'importe qui et bâtir une histoire sur un bout de sa vie.”

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