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Critique de Marie-Nel


J'ai fait la connaissance de beaux personnages que je n'oublierai pas de sitôt. Tout d'abord Alice. Elle a trente cinq ans, vit à Lyon, est célibataire. On la rencontre au début à un moment douloureux de sa vie, son père, Simon, vient de décéder. Elle arrive juste à temps pour lui dire au-revoir, il lui murmure un prénom qu'elle ne connait pas. Plus tard, elle va découvrir une enveloppe contenant une vieille photo où elle voit son père jeune avec un autre homme et une jeune femme, Souleymane et Aïcha, le prénom murmuré par son père. Alice se questionne et décide de partir sur les traces de son père, en Algérie, où a été prise la photo.

Le récit va ainsi alterner entre le présent, en 2012, où on suit Alice pendant son voyage en Algérie, à Oran, et entre le passé, en 1961, où on va rencontrer Simon, pendant une période très mouvementée. C'est au moment de la guerre, lorsque l'Algérie retrouve son indépendance, chassant ainsi de ses terres tous les Français y vivant. Simon est ami avec Souleymane qui combat à ses côtés. Lorsque l'on retrouve Alice, on découvre Oran et l'Algérie à travers ses yeux, son arrivée à l'hôtel, sa rencontre avec un français qui connait la ville et avec Moussah, qui travaille à l'hôtel et lui faire découvrir sa ville d'une autre façon. Et en même temps qu'Alice visite cette ville et voit les endroits où son père a vécus, moi en tant que lectrice, je faisais de même. 

L'autrice a très bien retranscrit les beautés de ce pays, la chaleur, les couleurs chaudes, les habitants, les coutumes, les plats. J'ai rarement lu des romans avec Oran comme toile de fond, je ne connaissais pas bien cet endroit, et je me suis amusée à aller voir sur le net les lieux que voyait Alice. Je ne savais pas, par exemple, qu'Oran et Lyon avait un point commun important et représentatif. J'aime beaucoup apprendre de nouvelles choses pendant mes lectures. L'autrice a également très bien décrit les émotions, les sentiments. J'ai été très émue et touchée par les personnages, Alice, Simon, Moussah, Souleymane, Aïcha, tous ont des histoires qui font que l'on s'attache à eux très rapidement. Au travers d'eux, Laura Abbou parle des conditions de vie à cette époque, de la place de la femme, de son obligation de faire tout ce que son père lui commande, et pourtant sa soif de liberté est grande. L'autrice raconte aussi très bien de ces moments troublés de ce pays, de la peine de tous ces gens qui ont dû le quitter en 1962 pour revenir en France. J'ai trouvé qu'elle le faisait avec beaucoup de sensibilité et d'humanité.

J'ai beaucoup aimé la plume de Laura Abbou. C'est son premier roman et je trouve qu'il est très réussi et qu'elle a un très beau talent de conteuse. Son style est très fluide, pas de lourdeurs, je me suis laissée entraîner dès les premières lignes et n'ai pas vu le temps passer, tellement je me sentais bien dans cette histoire avec ces personnages. Je les ai quittés à regret, comme on quitte des amis, contente du chemin qu'ils ont parcouru, mais triste de ne pas les retrouver. La lecture est en plus rythmée par l'alternance des chapitres entre le présent et le passé. L'envie de savoir est tellement forte que l'on tourne les pages plus vite. Je suis allée de surprise en surprise, et même si ce roman n'est pas dans le genre du suspense, j'ai trouvé tout de même qu'il régnait une certaine énigme qui accroche encore plus l'attention. La narration à la troisième personne du singulier permet de garder une certaine distance avec les personnages, ce qui n'est pas négligeable quand les émotions sont, comme ici, très intenses. 

Tout m'a plu dans ce roman et je vous le recommande vivement pour la beauté du texte, des personnages, des émotions, des descriptions. C'est un livre que je ne peux pas garder, car c'est un livre voyageur, il va repartir vers une autre lectrice. Mais je compte bien me l'acheter pour l'avoir dans ma bibliothèque car j'ai beaucoup aimé et j'aimerais beaucoup pouvoir le relire. En plus je trouve sa couverture très jolie rendant l'objet très beau. 

Je vais suivre Laura Abbou de près car j'aimerais beaucoup la relire dans une autre histoire et d'autres personnages. J'ai aimé la poésie de ses mots et la lirai à nouveau avec plaisir. Ce roman est comme le miel, il laisse dans la gorge et la tête un bon goût de sucré et de douceur. N'hésitez pas à y goûter vous aussi. 
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