AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de NigraFolia


C'est un roman touchant. Sur le fond, qu'elle soit juive ou non, la perte d'une mère est toujours un effondrement, la remise en cause de l'équilibre familial et personnel. On est tous un peu Adam, Lucie, Henri ou Suzanne. C'est une étape de vie logique mais bouleversante.
L'idée d'une fratrie hier encore tenue par Ima, aujourd'hui bousculée par le Roi David, le père perdu, secoué, déboussolé est parfaite, bien qu'elle me soit parfaitement étrangère. Patrice esquisse une famille, aimante mais aussi violente, émue, perdue.
L'après ne sera plus jamais semblable à la veille.
Patrice tient ce point. Il écrit de manière juste et ouvre des sourires. Il sait teinter ses personnages de drôlerie et tendresse.
Côté personnages, je retiens :
- Adam le cadet de la famille, est singulier. Une position qui met inconnue et pourtant on se projette avec une belle dose d'empathie pour celui qui semble être le plus fragile. C'est à la fois, le protégé et la victime. Son carnet de bord le rend singulier dans cette famille où la tradition est importante. La connaissance d'Adam des rites et coutumes est si ténue, qu'il devient un agréable compagnon qui guide le lecteur goy.
- Lucie est pour moi définit dans le chapitre 10. Avec Ima, elle a perdu plus qu'une mère. Et j'avoue qu'étant donné la dernière volonté d'Ima, j'attends beaucoup de ce personnage.
- Suzie est un parfait personnage. Elle se met en quatre pour la famille qui l'a accueilli mais qui n'hésite pourtant pas à lui rappeler l'étrangère qu'elle est et restera.
Reste sur le fond, la surprise la religion et son importance. Moi qui ait été élevé dans un fondement républicain, à travers une éduction certes d'origine plutôt catho, mais n'ayant comme repère qu'une lecture tardive de l'Ancien et du Nouveau testament, comme celle du Coran et une chapelle, parce qu'elle avait terrain pour faire du patin à roulettes, il ressort à mes yeux un côté désuet qui ressemble à première vue à de l'auto-flagellation. Oui, la Shiva me parait too-much. Et je vois au premier abord, une religion lourde et contraignante.
En revanche, arrivé au terme du second jour, je m'aperçois que c'est également une manière de faire son deuil à plusieurs, de partager sa peine. Alors se crée l'ouverture. J'apprends cette culture et surtout le pourquoi de ses rites en période de deuil . Confrontation ou support ? J'hésite.
Ce livre raisonne en moi. Moi, le goy, fils unique, je me projette dans cette famille car on y trouve tous une part de soi.
Heureusement pour ne pas verser dans la pathos, Patrice amène de la légèreté avec la mission de la fratrie. Trouver un mari à Lucie. Il offre aussi ce qu'il faut de tension. Car avec les morts surgissent les secrets de famille.
Sur la forme, c'est fluide, équilibré avec ce qu'il faut de dialogues, d'humour et d'introspection.
Cette lecture se révèle un excellent choix. le mien fut simple. Résumé à une partie par jour pour laisser le temps à l'ouvrage qui en contient huit de s'étirer, de se livrer et d'en profiter. Va savoir pourquoi. Pour ne pas sombrer dans le souvenir ? Pour faire durer ce moment où la mémoire se fait agréable ?
Une mère juive ne meurt jamais est pétri d'humanité. J'aime les colères du roi David, les doutes et les joies. le deuil, ce moment où le voile se déchire, où la famille s'affronte ou se retrouve pour rester en vie. Ce passage naturel, évident, que nous abordons tous d'une manière qui nous est propre.
Et quand il s'agit d'une mère, c'est encore plus frappant. Oui, une mère ne meurt jamais tout à fait. Heureusement. Pour finir, merci à mon amie Ophélie d'avoir eu cette belle idée et à Patrice d'avoir été la victime de cette lecture.
Commenter  J’apprécie          30







{* *}