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Critique de JIEMDE


JIEMDE
17 septembre 2020
Von Richtofen ? Weekley ? Chatterley ? Qu'importe le nom, puisque toutes sont Frieda, jeune baronne allemande du début du siècle dernier à la vie épique, qui inspira le grand D.H. Lawrence pour son best-seller sulfureux (mais si : L'amant de Lady Chatterley !). Et cette biographie romancée de Annabel Abbs – traduite par Anne-Carole Grillot - est loin d'être dénuée d'intérêt, tant la part de recherches historiques y apporte du contenu, transformant ce qui n'eut pu être qu'une simple bluette en un pageturner historique parfaitement sourcé.

Côté coeur, la Frieda fait du bovarisme à Nottingham, depuis le jour où elle quitta, sans dot, les bords de la Moselle pour se marier avec Ernest, lettré quasi-ermite ne rêvant que d'une chaire à Cambridge et perpétuellement reclus dans son bureau à terminer son anthologie de l'étymologie. Plusieurs devoirs conjugaux annuels plus tard, la voilà mère de trois beaux enfants qui deviennent le centre de sa vie. Jusqu'à…

Jusqu'à ce que sur l'insistance de sa soeur, un bref retour au pays loin de la prude Albion ne la mette au contact de la vraie vie et de ce nouveau monde qu'elle découvre comme une révélation : libertarisme des idées, débuts de la psychanalyse, émancipation féminine et libertinage sexuel. Pleinement incarnés par Lawrence, ancien élève de son mari, ces principes ne demandent qu'à être vécus et Frieda va quitter Ernest – et ses enfants - pour le jeune écrivain, devenant sa muse et inspirant ses futurs livres.

Côté esprit, Annabel Abbs nous immerge totalement dans cette révolution des moeurs et des sociétés du début du siècle dernier, où dans les cafés enfumés les conventions s'aplanissent, les esprits se libèrent et les idées circulent et se challengent. À travers Frieda, les femmes ne sont pas en reste et prennent toute leur part à ce nouvel ordre qui se dessine, payant au passage un lourd tribut à cette liberté soudaine par la perte de leurs droits sur leurs enfants éloignés. Si le corps de Frieda exulte et que son esprit exalte, son coeur de mère saigne…

Une lecture parenthèse, instructive, rafraîchissante et bienvenue entre deux nouveautés de cette rentrée littéraire.
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